ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Dans BENNI, Nora Fingscheidt mettait en scène une gamine de 9 ans à problèmes, bringuebalée de foyer en foyer, violente et agressive car traumatisée. La cinéaste allemande, dont il s’agissait du premier long de fiction, usait de tous les outils à sa disposition pour transmettre la souffrance de Benni et sa brutalité, aussi : sa mise en images et en sons s’adaptait très organiquement aux émotions et aux actes de la petite fille. Une démarche quasi expressionniste projetant le spectateur dans le monde intérieur du personnage que Fingscheidt convoque à nouveau dans THE OUTRUN, avec un impact toujours aussi retentissant. Rona (Saoirse Ronan), bientôt la trentaine, vit à Londres. Heureuse en couple avec Daynin (Paapa Essiedu), elle s’abîme néanmoins dans un alcoolisme toujours plus destructeur. Parvenue à un point de non-retour, elle se réfugie chez ses parents, dans l’archipel des Orcades, terre bercée de mythes au nord de l’Écosse. Là, peu à peu, elle dompte ses démons, ses désirs et le monde oppressant qui l’entoure. Si THE OUTRUN se révèle aussi efficace à traduire à l’écran ce que traverse sa protagoniste, c’est qu’il fait de celle-ci l’œil du cyclone de son histoire. Alors que ses proches et les éléments sauvages des Orcades s’agitent autour d’elle, Rona arpente en silence la plage et la plaine, certaine que « sobre, [elle] ne [peut] pas être heureuse ». Alors Nora Fingscheidt la suit dans cette tourmente qu’elle tente d’affronter, avec un stoïcisme réticent comme si son dernier verre avait marqué la fin de son existence. Autant agitée et sensorielle qu’inerte et observatrice, sa réalisation se cale à la remarquable interprétation de Saoirse Ronan, capable de la plus grande férocité dans ses moments d’ivresse comme d’une retenue déchirante dans ses instants de doute. La caméra ne quitte jamais Rona des yeux, chronique sans les hiérarchiser ses petits triomphes comme ses cruautés, ses gestes dénués de toute émotion comme ses danses cathartiques, ses cris et ses silences. Un agrégat d’images, de sons, d’émotions, de petits moments et de grands gestes (une séquence magistrale où Rona conduit les éléments comme un orchestre) que Nora Fingscheidt articule dans un montage éclaté d’une grande maîtrise, véritable centrifugeuse qui, peu à peu, ordonne le récit, mais figure également l’intériorité de Rona et son évolution du chaos à la sérénité. Actrice, personnage, réalisatrice et mise en scène semblent ainsi s’unir dans une danse d’une absolue fluidité, happant le spectateur dans un mouvement furieusement empathique comme seul le cinéma est capable d’en créer.
Aurélien Allin (cinema teaser)
Ciné découverte
dimanche 8 décembre
à 10h45
Tarif unique : 5.70€
Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue anglaise
THE OUTRUN
de Nora Fingscheidt
avec Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane
GRANDE BRETAGNE - 2024 - 1h58 - VOST - Berlin 2024
Rona, bientôt la trentaine, brûle sa vie dans les excès et se perd dans les nuits londoniennes. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, ces îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, les souvenirs d’enfance reviennent et se mêlent, jusqu’à s’y confondre, avec ceux de ses virées urbaines. C’est là, dans cette nature sauvage qui la traverse, qu’elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.
https://www.ufo-distribution.com/movie/the-outrun/
A PROPOS
Dans BENNI, Nora Fingscheidt mettait en scène une gamine de 9 ans à problèmes, bringuebalée de foyer en foyer, violente et agressive car traumatisée. La cinéaste allemande, dont il s’agissait du premier long de fiction, usait de tous les outils à sa disposition pour transmettre la souffrance de Benni et sa brutalité, aussi : sa mise en images et en sons s’adaptait très organiquement aux émotions et aux actes de la petite fille. Une démarche quasi expressionniste projetant le spectateur dans le monde intérieur du personnage que Fingscheidt convoque à nouveau dans THE OUTRUN, avec un impact toujours aussi retentissant. Rona (Saoirse Ronan), bientôt la trentaine, vit à Londres. Heureuse en couple avec Daynin (Paapa Essiedu), elle s’abîme néanmoins dans un alcoolisme toujours plus destructeur. Parvenue à un point de non-retour, elle se réfugie chez ses parents, dans l’archipel des Orcades, terre bercée de mythes au nord de l’Écosse. Là, peu à peu, elle dompte ses démons, ses désirs et le monde oppressant qui l’entoure. Si THE OUTRUN se révèle aussi efficace à traduire à l’écran ce que traverse sa protagoniste, c’est qu’il fait de celle-ci l’œil du cyclone de son histoire. Alors que ses proches et les éléments sauvages des Orcades s’agitent autour d’elle, Rona arpente en silence la plage et la plaine, certaine que « sobre, [elle] ne [peut] pas être heureuse ». Alors Nora Fingscheidt la suit dans cette tourmente qu’elle tente d’affronter, avec un stoïcisme réticent comme si son dernier verre avait marqué la fin de son existence. Autant agitée et sensorielle qu’inerte et observatrice, sa réalisation se cale à la remarquable interprétation de Saoirse Ronan, capable de la plus grande férocité dans ses moments d’ivresse comme d’une retenue déchirante dans ses instants de doute. La caméra ne quitte jamais Rona des yeux, chronique sans les hiérarchiser ses petits triomphes comme ses cruautés, ses gestes dénués de toute émotion comme ses danses cathartiques, ses cris et ses silences. Un agrégat d’images, de sons, d’émotions, de petits moments et de grands gestes (une séquence magistrale où Rona conduit les éléments comme un orchestre) que Nora Fingscheidt articule dans un montage éclaté d’une grande maîtrise, véritable centrifugeuse qui, peu à peu, ordonne le récit, mais figure également l’intériorité de Rona et son évolution du chaos à la sérénité. Actrice, personnage, réalisatrice et mise en scène semblent ainsi s’unir dans une danse d’une absolue fluidité, happant le spectateur dans un mouvement furieusement empathique comme seul le cinéma est capable d’en créer.
Aurélien Allin (cinema teaser)