ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Je ne suis pas un éléphant, je ne suis pas un animal, je suis un être humain, je suis un homme"... ces mots résonnent encore dans nos mémoires comme parmi les plus déchirants du cinéma contemporain. Tourné en 1980, Elephant Man fait entrer David David Lynch dans la légende. Après le choc Eraserhead, Stuart Cornfeld lui propose de réaliser un long métrage. Lynch, parti sur un autre projet, reçoit du producteur Jonathan Sanger, un scénario intitulé Elephant Man. Tiré d’un fait réel, il relate l’histoire, en 1884, de John Merrick (joué par John Hurt), un homme difforme, baptisé ainsi car sa mère se serait fait piétiner par un troupeau d’éléphants durant sa grossesse. Le jeune Merrick est montré de foire en foire tel un monstre à un public avide de sensations fortes. Un chirurgien, le docteur Treves (Anthony Hopkins), le prend sous sa coupe, tout d’abord par intérêt scientifique, puis parce qu’il découvre un homme cultivé, raffiné et avide d’amour. Ce film, l’un des plus éloignés de l’univers lynchien, avec Une histoire vraie, est aux antipodes du standard américain classique. Tourné en noir et blanc, dans un décor londonien qui rappelle ceux des romans d’Oscar Wilde, tout en jeux d’ombres et avec une mise en scène dramatique, Elephant Man pointe du doigt l’intolérance devant la différence. Les monstres, finalement, ce sont les autres, ceux qui hurlent ou se délectent du physique de John Merrick, comme le crie le docteur Treves au gardien qui organise des "visites" dans la chambre d’hôpital de John. On retiendra particulièrement la scène où Treves pleure en découvrant pour la première fois le visage de l’homme-éléphant. Anthony Hopkins signe avec cette prestation l’un de ses plus grands rôles jusqu’au Silence des agneaux. Sensible, noir, cruel, d’une tristesse inouïe, Elephant Man offre à Lynch son premier succès public. Le film sera nominé huit fois aux Oscars et remportera le premier prix au festival d’Avoriaz.
Laurence Seguy (avoiralire.com)
Plans Cultes
mardi 11 mars
à 20h00
SOIRÉE DAVID LYNCH
20h00 : ELEPHANT MAN
22h15 : ERASERHEAD
Tarif spécial soirée : 11€ les 2 films sinon tarifs habituels
ELEPHANT MAN
de David Lynch
avec Anthony Hopkins, John Hurt, Anne Bancroft
USA / GRANDE BRETAGNE - 1980 - 2h04 - VOST - Réédition - Version restaurée 4K
Londres, 1884. Le chirurgien Frederick Treves découvre un homme complètement défiguré et difforme, devenu une attraction de foire. John Merrick, " le monstre ", doit son nom de Elephant Man au terrible accident que subit sa mère. Alors enceinte de quelques mois, elle est renversée par un éléphant. Impressionné par de telles difformités, le Dr. Treves achète Merrick, l'arrachant ainsi à la violence de son propriétaire, et à l'humiliation quotidienne d'être mis en spectacle. Le chirurgien pense alors que " le monstre " est un idiot congénital. Il découvre rapidement en Merrick un homme meurtri, intelligent et doté d'une grande sensibilité.
https://carlottafilms.com/films/elephant-man/
A PROPOS
Je ne suis pas un éléphant, je ne suis pas un animal, je suis un être humain, je suis un homme"... ces mots résonnent encore dans nos mémoires comme parmi les plus déchirants du cinéma contemporain. Tourné en 1980, Elephant Man fait entrer David David Lynch dans la légende. Après le choc Eraserhead, Stuart Cornfeld lui propose de réaliser un long métrage. Lynch, parti sur un autre projet, reçoit du producteur Jonathan Sanger, un scénario intitulé Elephant Man. Tiré d’un fait réel, il relate l’histoire, en 1884, de John Merrick (joué par John Hurt), un homme difforme, baptisé ainsi car sa mère se serait fait piétiner par un troupeau d’éléphants durant sa grossesse. Le jeune Merrick est montré de foire en foire tel un monstre à un public avide de sensations fortes. Un chirurgien, le docteur Treves (Anthony Hopkins), le prend sous sa coupe, tout d’abord par intérêt scientifique, puis parce qu’il découvre un homme cultivé, raffiné et avide d’amour. Ce film, l’un des plus éloignés de l’univers lynchien, avec Une histoire vraie, est aux antipodes du standard américain classique. Tourné en noir et blanc, dans un décor londonien qui rappelle ceux des romans d’Oscar Wilde, tout en jeux d’ombres et avec une mise en scène dramatique, Elephant Man pointe du doigt l’intolérance devant la différence. Les monstres, finalement, ce sont les autres, ceux qui hurlent ou se délectent du physique de John Merrick, comme le crie le docteur Treves au gardien qui organise des "visites" dans la chambre d’hôpital de John. On retiendra particulièrement la scène où Treves pleure en découvrant pour la première fois le visage de l’homme-éléphant. Anthony Hopkins signe avec cette prestation l’un de ses plus grands rôles jusqu’au Silence des agneaux. Sensible, noir, cruel, d’une tristesse inouïe, Elephant Man offre à Lynch son premier succès public. Le film sera nominé huit fois aux Oscars et remportera le premier prix au festival d’Avoriaz.
Laurence Seguy (avoiralire.com)
A PROPOS
La ressortie du premier film de David Lynch dans une magnifique version restaurée 4K , nous offre l’occasion de redécouvrir ce chef-d’œuvre dont les visions successives ne peuvent suffire à en épuiser la richesse. Eraserhead, nous emmène et nous perd dans un labyrinthe mental, celui de l’esprit de son réalisateur, lequel, durant cinq années, aura dû se battre pour obtenir le financement, puis la distribution de son film et a imprimé sur la pellicule ses visions et ses angoisses d’homme et d’artiste. Il en résulte un grand film mental à la fois angoissant, fascinant et absurde, empruntant autant à l’expressionniste allemand, qu’au cinéma d’horreur et au cinéma muet. Auteur du scénario, David Lynch a également été fortement influencé par La Métamorphose de Franz Kafka et Le Nez de Nicolas Gogol, empruntant les mêmes chemins qu’eux pour nous parler de notre monde et de nos peurs. C’est au travers du récit de Henry interprété par Jake Nance, qui deviendra l’un de ses acteurs fétiches, que Lynch nous immerge dans cet univers industriel dans lequel il se plait sans cesse à brouiller nos repères, à faire s’entrelacer rêve et réalité en utilisant toute la large palette de ses talents.
Expérimental et exigeant Eraserhead l’est indiscutablement sans pour autant négliger la narration qui permet de ne pas décrocher de ce trip cinématographique qui ne tourne pas à l’exercice d’auto satisfaction. Henry est un personnage qui fascine dès sa première apparition à l’écran, dont l’allure, le visage et la coupe de cheveux ont imprimé la mémoire des cinéphiles et, au delà, d’un assez large public, y compris parmi ceux qui n’auront jamais vu le film. Perdu dans un monde kafkaïen dont il s’échappe par les rêves, son quotidien se trouve bouleversé lorsqu’ invité à dîner chez ses beaux parents, sa belle mère lui annonce non seulement qu’il a mis enceinte sa fille mais qu’elle a même déjà accouché. Ce bébé prématuré n’a en réalité rien d’un petit poupon et c’est son arrivée qui fait basculer Henry et le film dans une hallucination sans fin. Peut être est-il la projection des angoisses d’Henry qui ne le comprenant pas et ne sachant pas comment s’en occuper le voit comme un petit monstre (de nombreuses rumeurs ont circulé sur son apparence, dont celle, démentie qu’il s’agirait d’un fœtus de veau embaumé) qui ne cesse de pleurer, toujours est-il que ce nouveau né semble provenir d’un cauchemar dont on ne peut échapper. Devant un tel film, de nombreuses interprétations sont possibles et, à notre sens, aucune ne peut véritablement faire foi, d’autant que David Lynch a toujours pris soin de ne pas trop s’étendre sur ce sujet, voulant laisser à chaque spectateur la possibilité de se faire sa propre opinion. On peut tout aussi bien vivre cette expérience en lâchant totalement prise, pour se laisser embarquer dans une pure fiction qui malgré ses éléments disruptifs se suit sans aucune difficulté, ou voir en Henry le doppelganger de Lynch dont il relaie les angoisses, notamment liée à son rapport très particulier à la ville de Philadelphie où il fit une partie de ses études. L’environnement urbain du film, très industrialisé, sans âme, est une vision cauchemardesque ou dystopique d’une ville qui n’offre aucun horizon à ses habitants. Eraserhead parle aussi de la peur d’une paternité non désirée et de phobie sociale mais ces thématiques apparaissent plus clairement après la vision du film tant celle-ci vous capte et vous plonge dans un univers détaché du réel, un cauchemar éveillé.
Comme pour tout premier film, on peut aussi repérer les thématiques et la grammaire cinématographique que l’on retrouvera tout au long de la filmographie de David Lynch: l’importance des rêves comme échappatoire dans le quotidien de ses personnages , la folie qui finit par les gagner, la figure récurrente de la femme fatale (incarnée dans Eraserhead par la voisine de palier d’Henry), le travail constant sur le son qu’il soit au soutien de l’ambiance de la scène ou soit un élément disruptif, le travail sur la longueur des plans. De ce point de vue, Eraserhead est indiscutablement un film matriciel, même si le terme à tendance à être employé à torts et à travers dès lors qu’il s’agit de revenir sur le premier film d’un cinéaste. Peu de premières œuvres sont empreintes d’une telle radicalité et réalisées avec autant d’assurance et comme pour les autres grandes œuvres de David Lynch, on emporte avec soi des scènes entières d’Eraserhead. Destiné au départ à n’être que l’un des derniers Midnight Movies, ces films diffusés à un public averti par quelques cinémas spécialisés, Eraserhead a depuis bénéficié de l’immense aura de son réalisateur pour être redécouvert par un large public. Cette nouvelle sortie est une formidable vitrine pour ce qui est à nos yeux, l’un des films les plus aboutis de David Lynch.
Fabrice Sayag (Les Chroniques de Cliffhanger & Co)
ERASERHEAD
de David Lynch
avec Jack Nance, Charlotte Stewart, Allen Joseph
USA - 1978 - 1h29 - VOST - Réédition - Version restaurée 4K - Interdit aux moins de 16 ans
Un homme est abandonné par son amie qui lui laisse la charge d'un enfant prématuré, fruit de leur union. Il s'enfonce dans un univers fantasmatique pour fuir cette cruelle réalité.
https://latelierdistribution.fr/EXISTENZ/
A PROPOS
La ressortie du premier film de David Lynch dans une magnifique version restaurée 4K , nous offre l’occasion de redécouvrir ce chef-d’œuvre dont les visions successives ne peuvent suffire à en épuiser la richesse. Eraserhead, nous emmène et nous perd dans un labyrinthe mental, celui de l’esprit de son réalisateur, lequel, durant cinq années, aura dû se battre pour obtenir le financement, puis la distribution de son film et a imprimé sur la pellicule ses visions et ses angoisses d’homme et d’artiste. Il en résulte un grand film mental à la fois angoissant, fascinant et absurde, empruntant autant à l’expressionniste allemand, qu’au cinéma d’horreur et au cinéma muet. Auteur du scénario, David Lynch a également été fortement influencé par La Métamorphose de Franz Kafka et Le Nez de Nicolas Gogol, empruntant les mêmes chemins qu’eux pour nous parler de notre monde et de nos peurs. C’est au travers du récit de Henry interprété par Jake Nance, qui deviendra l’un de ses acteurs fétiches, que Lynch nous immerge dans cet univers industriel dans lequel il se plait sans cesse à brouiller nos repères, à faire s’entrelacer rêve et réalité en utilisant toute la large palette de ses talents.
Expérimental et exigeant Eraserhead l’est indiscutablement sans pour autant négliger la narration qui permet de ne pas décrocher de ce trip cinématographique qui ne tourne pas à l’exercice d’auto satisfaction. Henry est un personnage qui fascine dès sa première apparition à l’écran, dont l’allure, le visage et la coupe de cheveux ont imprimé la mémoire des cinéphiles et, au delà, d’un assez large public, y compris parmi ceux qui n’auront jamais vu le film. Perdu dans un monde kafkaïen dont il s’échappe par les rêves, son quotidien se trouve bouleversé lorsqu’ invité à dîner chez ses beaux parents, sa belle mère lui annonce non seulement qu’il a mis enceinte sa fille mais qu’elle a même déjà accouché. Ce bébé prématuré n’a en réalité rien d’un petit poupon et c’est son arrivée qui fait basculer Henry et le film dans une hallucination sans fin. Peut être est-il la projection des angoisses d’Henry qui ne le comprenant pas et ne sachant pas comment s’en occuper le voit comme un petit monstre (de nombreuses rumeurs ont circulé sur son apparence, dont celle, démentie qu’il s’agirait d’un fœtus de veau embaumé) qui ne cesse de pleurer, toujours est-il que ce nouveau né semble provenir d’un cauchemar dont on ne peut échapper. Devant un tel film, de nombreuses interprétations sont possibles et, à notre sens, aucune ne peut véritablement faire foi, d’autant que David Lynch a toujours pris soin de ne pas trop s’étendre sur ce sujet, voulant laisser à chaque spectateur la possibilité de se faire sa propre opinion. On peut tout aussi bien vivre cette expérience en lâchant totalement prise, pour se laisser embarquer dans une pure fiction qui malgré ses éléments disruptifs se suit sans aucune difficulté, ou voir en Henry le doppelganger de Lynch dont il relaie les angoisses, notamment liée à son rapport très particulier à la ville de Philadelphie où il fit une partie de ses études. L’environnement urbain du film, très industrialisé, sans âme, est une vision cauchemardesque ou dystopique d’une ville qui n’offre aucun horizon à ses habitants. Eraserhead parle aussi de la peur d’une paternité non désirée et de phobie sociale mais ces thématiques apparaissent plus clairement après la vision du film tant celle-ci vous capte et vous plonge dans un univers détaché du réel, un cauchemar éveillé.
Comme pour tout premier film, on peut aussi repérer les thématiques et la grammaire cinématographique que l’on retrouvera tout au long de la filmographie de David Lynch: l’importance des rêves comme échappatoire dans le quotidien de ses personnages , la folie qui finit par les gagner, la figure récurrente de la femme fatale (incarnée dans Eraserhead par la voisine de palier d’Henry), le travail constant sur le son qu’il soit au soutien de l’ambiance de la scène ou soit un élément disruptif, le travail sur la longueur des plans. De ce point de vue, Eraserhead est indiscutablement un film matriciel, même si le terme à tendance à être employé à torts et à travers dès lors qu’il s’agit de revenir sur le premier film d’un cinéaste. Peu de premières œuvres sont empreintes d’une telle radicalité et réalisées avec autant d’assurance et comme pour les autres grandes œuvres de David Lynch, on emporte avec soi des scènes entières d’Eraserhead. Destiné au départ à n’être que l’un des derniers Midnight Movies, ces films diffusés à un public averti par quelques cinémas spécialisés, Eraserhead a depuis bénéficié de l’immense aura de son réalisateur pour être redécouvert par un large public. Cette nouvelle sortie est une formidable vitrine pour ce qui est à nos yeux, l’un des films les plus aboutis de David Lynch.
Fabrice Sayag (Les Chroniques de Cliffhanger & Co)