ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Trente-cinq ans après sa sortie, le onzième film du réalisateur de “La Mouche” revient sur nos écrans en version restaurée 2K. Une occasion de (re)découvrir cette œuvre aussi fascinante que déconcertante, mettant en scène deux jumeaux - bien trop - parfaits. Qui est qui ? C’est la question que l’on se pose tout le long du film face à ses deux protagonistes principaux : Beverly et Elliot Mantle, des jumeaux absolument indissociables. Même physique, même profession - ils sont gynécologues - et même appartement... Les frères quadragénaires partagent tout, femmes incluses. Ils échangent leurs prénoms au gré de leurs envies si bien que la performance hors-norme de Jeremy Irons qui les incarne tous deux ne parvient à dissiper le doute sur leurs véritables identités. La "saga des frères Mantle”, comme ils aiment à l’appeler, est une démonstration de maîtrise : les sentiments ne viennent jamais brusquer leurs paroles et tout ce qui les entoure est excessivement propre et froid (de leur appartement au bloc opératoire). Les plans fixes, étirés en longueur, soulignent la précision de chacun de leur geste. Mais un jour tout déraille quand arrive - bien évidemment - une femme. Claire Niveau, actrice, présente un cas extrêmement rare : elle a trois utérus. Beverly en tombe amoureux et prend ses distances avec son frère. Ici, le maître du body horror ne filme pas des corps déformés et sanguinolents. La déformation est psychanalytique, son deuxième thème de prédilection (A Dangerous Method, son film sorti en 2011, convoquait les figures de Carl Jung et Sigmund Freud, eux-mêmes embourbés dans un triangle amoureux dévastateur avec leur patiente, Sabrina Spielrein). Écartés l’un de l’autre, les jumeaux sombrent dans la folie et l’addiction aux psychotropes. L’anomalie “Claire” va jusqu'à détraquer la mise en scène : les plans s’étendent encore, la musique pourtant peu présente devient oppressante et les décors auparavant si blancs sont recouverts de saleté. Inspiré de l’histoire des gynécologues américains Stewart et Cyril Marcus, Faux-semblants marque un tournant dans la filmographie de David Cronenberg qui inaugure non seulement une relation de longue durée avec son chef opérateur Peter Suschitzky (Le Festin nu, sorti en 1991 ; eXistenZ, sorti en 1999), mais l'impose surtout comme un des cinéastes les plus doués pour mettre en scène les détraquements du corps comme de l'esprit humains. Enora Abry (Trois Couleurs)
Plans Cultes
mardi 14 janvier
à 20h00
SOIRÉE DAVID CRONENBERG
20h00 : FAUX-SEMBLANTS
22h15 : eXistenZ
Tarif spécial soirée : 11€ les 2 films sinon tarifs habituels
FAUX-SEMBLANTS
de David Cronenberg
avec Jeremy Irons, Geneviève Bujold, Heidi von Palleske
CANADA - 1988 - 1h55 - VOST - Réédition - Version restaurée 2K - Interdit aux moins de 12 ans
Deux jumeaux, Beverly et Elliot Mantle, gynécologues de renom, partagent tout : le même appartement, la même clinique, les mêmes idées et les mêmes femmes. Un jour, une actrice célèbre vient les consulter pour stérilité. Les deux frères en tombent amoureux mais si pour Elliot elle reste une femme parmi d’autres, pour Beverly elle est «la» femme, et refuse de la partager avec son frère. Pour la première fois les frères Mantle vont penser, sentir et agir différemment. Ce n’est que le début d’une descente vers la folie.
A PROPOS
Trente-cinq ans après sa sortie, le onzième film du réalisateur de “La Mouche” revient sur nos écrans en version restaurée 2K. Une occasion de (re)découvrir cette œuvre aussi fascinante que déconcertante, mettant en scène deux jumeaux - bien trop - parfaits. Qui est qui ? C’est la question que l’on se pose tout le long du film face à ses deux protagonistes principaux : Beverly et Elliot Mantle, des jumeaux absolument indissociables. Même physique, même profession - ils sont gynécologues - et même appartement... Les frères quadragénaires partagent tout, femmes incluses. Ils échangent leurs prénoms au gré de leurs envies si bien que la performance hors-norme de Jeremy Irons qui les incarne tous deux ne parvient à dissiper le doute sur leurs véritables identités. La "saga des frères Mantle”, comme ils aiment à l’appeler, est une démonstration de maîtrise : les sentiments ne viennent jamais brusquer leurs paroles et tout ce qui les entoure est excessivement propre et froid (de leur appartement au bloc opératoire). Les plans fixes, étirés en longueur, soulignent la précision de chacun de leur geste. Mais un jour tout déraille quand arrive - bien évidemment - une femme. Claire Niveau, actrice, présente un cas extrêmement rare : elle a trois utérus. Beverly en tombe amoureux et prend ses distances avec son frère. Ici, le maître du body horror ne filme pas des corps déformés et sanguinolents. La déformation est psychanalytique, son deuxième thème de prédilection (A Dangerous Method, son film sorti en 2011, convoquait les figures de Carl Jung et Sigmund Freud, eux-mêmes embourbés dans un triangle amoureux dévastateur avec leur patiente, Sabrina Spielrein). Écartés l’un de l’autre, les jumeaux sombrent dans la folie et l’addiction aux psychotropes. L’anomalie “Claire” va jusqu'à détraquer la mise en scène : les plans s’étendent encore, la musique pourtant peu présente devient oppressante et les décors auparavant si blancs sont recouverts de saleté. Inspiré de l’histoire des gynécologues américains Stewart et Cyril Marcus, Faux-semblants marque un tournant dans la filmographie de David Cronenberg qui inaugure non seulement une relation de longue durée avec son chef opérateur Peter Suschitzky (Le Festin nu, sorti en 1991 ; eXistenZ, sorti en 1999), mais l'impose surtout comme un des cinéastes les plus doués pour mettre en scène les détraquements du corps comme de l'esprit humains. Enora Abry (Trois Couleurs)
A PROPOS
Si David Cronenberg a su, aussi longtemps (et encore aujourd'hui, n'en déplaise aux détracteurs de ses derniers efforts, Les Crimes du Futur et Les Linceuls), rester le plus intelligent et passionnant créateur de cauchemar de sa génération, c'est avant tout et surtout car toutes ses histoires, aussi surréalistes et provocantes soient-elles, sont des chocs viscéraux nourris par le réel. Sensiblement en avance sur son temps, le thriller paranoïaque sauce cyberpunk eXistenZ (premier long-métrage écrit par le canadien depuis Videodrome, avec lequel il est difficile de ne pas jouer au jeu des comparaisons) articule son pouvoir sur une notion loin d'être invraisemblable : si un concept de jeu vidéo est suffisamment attrayant et populaire, à une heure où le joueur n'a plus vraiment peur de se ruiner pour se divertir, qu'est-ce qui pourrait l'empêcher d'organiquement s'y brancher pour y jouer, par un orifice - ou autre - directement issu de son propre corps ? Libre arbitre oblige, absolument rien aujourd'hui, et encore moins dans un futur proche et hypothétique comme le film le dépeint... Trip onirique et fantasmé, moins alarmiste que fasciné par une technologie en constante évolution (mais qui restera inférieur à la biologie, et donc au corps et à l'homme), eXistenZ, petit frère évident de Rage et Videodrome, peut intimement se voir comme une vertigineuse et obsédante odyssée sur la dérive des corps et de l'esprit, sous couvert d'une réflexion viscérale et méta sur notre dépendance à l'interactivité au coeur d'une réalité presque prophétique. Mais cela serait presque réduire la portée folle d'une œuvre qui, au-delà de toutes ses belles qualités, tant formelles qu'intratextuelles, trouve toute sa puissance dans le respect de l'intelligence de son auditoire, qui est invité à être spectateur et acteur de l'histoire et du sens à lui donner, invité à quitter sa passivité latente pour embrasser une expérience incroyablement cathartique. Une chose est sûre, même vingt-cinq ans après, la claque qu'incarne le film elle, est toujours bien réelle. Jonathan Chevrier (/fuckingcinephiles.blogspot.com)
eXistenZ
de David Cronenberg
avec Jude Law, Jennifer Jason Leigh, Willem Dafoe
USA - 1999 - 1h35 - VOST - Réédition - Version restaurée - Interdit aux moins de 12 ans
Dans un avenir proche, une créatrice de génie, Allegra Geller, a inventé une nouvelle génération de jeu qui se connecte directement au systeme nerveux : eXistenZ. Lors de la séance de présentation du jeu, un fanatique cherche à la tuer. Un jeune stagiaire en marketing, Ted Pikul, sauve la vie d'Allegra. Une poursuite effrenée s'engage autant dans la réalité que dans l'univers trouble et mysterieux du jeu.
https://latelierdistribution.fr/EXISTENZ/
A PROPOS
Si David Cronenberg a su, aussi longtemps (et encore aujourd'hui, n'en déplaise aux détracteurs de ses derniers efforts, Les Crimes du Futur et Les Linceuls), rester le plus intelligent et passionnant créateur de cauchemar de sa génération, c'est avant tout et surtout car toutes ses histoires, aussi surréalistes et provocantes soient-elles, sont des chocs viscéraux nourris par le réel. Sensiblement en avance sur son temps, le thriller paranoïaque sauce cyberpunk eXistenZ (premier long-métrage écrit par le canadien depuis Videodrome, avec lequel il est difficile de ne pas jouer au jeu des comparaisons) articule son pouvoir sur une notion loin d'être invraisemblable : si un concept de jeu vidéo est suffisamment attrayant et populaire, à une heure où le joueur n'a plus vraiment peur de se ruiner pour se divertir, qu'est-ce qui pourrait l'empêcher d'organiquement s'y brancher pour y jouer, par un orifice - ou autre - directement issu de son propre corps ? Libre arbitre oblige, absolument rien aujourd'hui, et encore moins dans un futur proche et hypothétique comme le film le dépeint... Trip onirique et fantasmé, moins alarmiste que fasciné par une technologie en constante évolution (mais qui restera inférieur à la biologie, et donc au corps et à l'homme), eXistenZ, petit frère évident de Rage et Videodrome, peut intimement se voir comme une vertigineuse et obsédante odyssée sur la dérive des corps et de l'esprit, sous couvert d'une réflexion viscérale et méta sur notre dépendance à l'interactivité au coeur d'une réalité presque prophétique. Mais cela serait presque réduire la portée folle d'une œuvre qui, au-delà de toutes ses belles qualités, tant formelles qu'intratextuelles, trouve toute sa puissance dans le respect de l'intelligence de son auditoire, qui est invité à être spectateur et acteur de l'histoire et du sens à lui donner, invité à quitter sa passivité latente pour embrasser une expérience incroyablement cathartique. Une chose est sûre, même vingt-cinq ans après, la claque qu'incarne le film elle, est toujours bien réelle. Jonathan Chevrier (/fuckingcinephiles.blogspot.com)