ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
1978. Un an après La Fièvre du samedi soir qui l’a révélé, John Travolta a troqué les pattes d’ef’ roses et les déhanchements sur «Stayin’ alive» pour les blousons noirs et le rock n’roll des 50’s. Adaptation de la comédie musicale du même nom, Grease obtient dès sa sortie un succès phénoménal, prenant rapidement avec Star Wars la tête du box-office américain. Trente-cinq ans après, qu’en reste-t-il? Des chansons cultissimes, remixées à n’en plus finir en discothèque ou hurlées dans les karaokés, la banane de Travolta, la choucroute de Newton-John, et une flopée de pseudo-imitations, rarement réussies. Parce qu’il faut bien l’avouer, Grease, it’s the one that we want! (hou, hou, hou…)
Il y a quelques mois sortait en salles le troisième volet de la nouvelle machine à sous de Disney, High School Musical 3. Comme Grease et bien d’autres après lui, le film raconte sur fond « musical » les amourettes de deux lycéens en dernière année, leurs inquiétudes vis-à-vis de leur « avenir » (l’arrivée à la fac) et les éternels événements de la vie estudiantine américaine (incluant pom-pom girls, bal de promo, etc) sans jamais montrer un seul cours. Mais à l’opposé de Grease, les héros de HSM3 sont de braves petits garçons et petites filles, dont la gloire est d’avoir de bonnes notes à l’école ou de gagner le championnat de basket, en buvant de la limonade et en attendant le mariage pour consommer leur amour. La génération jeune de l’an 2000 se serait-elle assagie, pour notre plus grand malheur?
Le (mince, il faut bien le dire) intérêt de Grease est en effet de mettre en valeur ces losers de première classe, nuls à l’école, fiers de l’être et bêtes comme leurs pieds, mais tirant leur force de leur popularité. On le sait bien, le lycée est toujours le moment où l’on choisit soit d’être aimé de tous, soit d’être le premier de la classe (deux entités en général antinomiques). Les héros de Grease, mis à part la jolie et pure Sandy (qui change de camp à la dernière minute, ouf), sont de sympathiques rebelles de supermarché, s’inspirant des idoles de l’époque, James Dean et Marlon Brando (blousons et pantalons en cuir trop courts, cheveux gominés) ou d’Elvis Presley pour le déhanchement sauvage sur une musique alors considérée comme révolutionnaire, le bon vieux rock’n’roll. Des rebelles sans cause, évidemment, qui passent leur temps à dragouiller dans les drive-in, à se recoiffer ou à flamber dans des courses de voitures (hommage à La Fureur de vivre).
Dans Grease, on évite presque pas les sujets qui fâchent: le sexe, bien sûr, objet de toutes les conversations, ou même les filles-mères avec le personnage de Rizzo (qui se révélera tout de même, la morale est sauve, faussement enceinte). À mille lieux de High School Musical, les ados de Grease fument et boivent (à petite dose tout de même, les milk-shakes ont aussi de la saveur), les filles se conduisent comme des traînées et aiment cela, tant que leurs jupes se raccourcissent et leurs décolletés s’approfondissent. Évidemment, tout cela ne va pas très loin: il n’y a aucune pensée sociologique ni provocatrice dans Grease, aucune véritable idée de mise en scène et les dialogues paraissent aujourd’hui bien niais.
Et pourtant, si trente ans après la comédie musicale la plus célébrée des 70’s continue de séduire myriade d’adolescentes, elle le doit à une sacrée dose de second degré sans crainte du ridicule, des personnages plutôt bien dessinés aux interprètes parfaits, un humour potache parfois lourdaud mais souvent touchant de naïveté et surtout un dynamisme assez communicatif: les chansons comme les chorégraphies sont pour la plupart très réussies (notamment l’impressionnante et anarchique scène du bal) et intelligemment scénarisées. Alors pour une fois, le cinéphile qui sommeille en nous se rendormira sur ses deux oreilles, et le spectateur plus compréhensif se lèvera d’un bond en hurlant (faux, de préférence): «Tell me more, tell me more (aha, aha, ahahahaha)…»
Ophélie Wiel (Critikat Fev 2013)
Plans Cultes
mercredi 14 février
2024 à 20h00
SÉANCE COMPLÈTE
SPÉCIALE SAINT VALENTIN
GREASE
de Randal Kleiser
avec John Travolta, Olivia Newton-John, Stockard Channing
USA - 1978 - 1h50 - VOST
A la fin des vacances d'été, les amoureux Danny Zuko et Sandy Olsson, une jeune Australienne de bonne famille, doivent se séparer.
A son retour au lycée Rydell, le jeune homme retrouve sa bande, les T-birds, blousons de cuir et cheveux gominés. Les parents de Sandy ayant décidé de s'installer aux Etats-Unis, la demoiselle intègre la même école...
Passé la surprise des retrouvailles et pour faire bonne figure devant ses copains, Danny adopte une attitude désinvolte qui laisse la jeune fille totalement désemparée. Sandy rejoint alors les Pink Ladies, le pendant féminin des T-Birds.
S'ensuit un jeu du chat et de la souris entre les deux tourtereaux, le tout rythmé par les événements de leur vie de lycéens : démarrage de la saison de football américain, bal de promotion, course de voitures, soirées entre filles, entre garçons, au fast-food, au drive-in...
https://www.facebook.com/gogrease
A PROPOS
1978. Un an après La Fièvre du samedi soir qui l’a révélé, John Travolta a troqué les pattes d’ef’ roses et les déhanchements sur «Stayin’ alive» pour les blousons noirs et le rock n’roll des 50’s. Adaptation de la comédie musicale du même nom, Grease obtient dès sa sortie un succès phénoménal, prenant rapidement avec Star Wars la tête du box-office américain. Trente-cinq ans après, qu’en reste-t-il? Des chansons cultissimes, remixées à n’en plus finir en discothèque ou hurlées dans les karaokés, la banane de Travolta, la choucroute de Newton-John, et une flopée de pseudo-imitations, rarement réussies. Parce qu’il faut bien l’avouer, Grease, it’s the one that we want! (hou, hou, hou…)
Il y a quelques mois sortait en salles le troisième volet de la nouvelle machine à sous de Disney, High School Musical 3. Comme Grease et bien d’autres après lui, le film raconte sur fond « musical » les amourettes de deux lycéens en dernière année, leurs inquiétudes vis-à-vis de leur « avenir » (l’arrivée à la fac) et les éternels événements de la vie estudiantine américaine (incluant pom-pom girls, bal de promo, etc) sans jamais montrer un seul cours. Mais à l’opposé de Grease, les héros de HSM3 sont de braves petits garçons et petites filles, dont la gloire est d’avoir de bonnes notes à l’école ou de gagner le championnat de basket, en buvant de la limonade et en attendant le mariage pour consommer leur amour. La génération jeune de l’an 2000 se serait-elle assagie, pour notre plus grand malheur?
Le (mince, il faut bien le dire) intérêt de Grease est en effet de mettre en valeur ces losers de première classe, nuls à l’école, fiers de l’être et bêtes comme leurs pieds, mais tirant leur force de leur popularité. On le sait bien, le lycée est toujours le moment où l’on choisit soit d’être aimé de tous, soit d’être le premier de la classe (deux entités en général antinomiques). Les héros de Grease, mis à part la jolie et pure Sandy (qui change de camp à la dernière minute, ouf), sont de sympathiques rebelles de supermarché, s’inspirant des idoles de l’époque, James Dean et Marlon Brando (blousons et pantalons en cuir trop courts, cheveux gominés) ou d’Elvis Presley pour le déhanchement sauvage sur une musique alors considérée comme révolutionnaire, le bon vieux rock’n’roll. Des rebelles sans cause, évidemment, qui passent leur temps à dragouiller dans les drive-in, à se recoiffer ou à flamber dans des courses de voitures (hommage à La Fureur de vivre).
Dans Grease, on évite presque pas les sujets qui fâchent: le sexe, bien sûr, objet de toutes les conversations, ou même les filles-mères avec le personnage de Rizzo (qui se révélera tout de même, la morale est sauve, faussement enceinte). À mille lieux de High School Musical, les ados de Grease fument et boivent (à petite dose tout de même, les milk-shakes ont aussi de la saveur), les filles se conduisent comme des traînées et aiment cela, tant que leurs jupes se raccourcissent et leurs décolletés s’approfondissent. Évidemment, tout cela ne va pas très loin: il n’y a aucune pensée sociologique ni provocatrice dans Grease, aucune véritable idée de mise en scène et les dialogues paraissent aujourd’hui bien niais.
Et pourtant, si trente ans après la comédie musicale la plus célébrée des 70’s continue de séduire myriade d’adolescentes, elle le doit à une sacrée dose de second degré sans crainte du ridicule, des personnages plutôt bien dessinés aux interprètes parfaits, un humour potache parfois lourdaud mais souvent touchant de naïveté et surtout un dynamisme assez communicatif: les chansons comme les chorégraphies sont pour la plupart très réussies (notamment l’impressionnante et anarchique scène du bal) et intelligemment scénarisées. Alors pour une fois, le cinéphile qui sommeille en nous se rendormira sur ses deux oreilles, et le spectateur plus compréhensif se lèvera d’un bond en hurlant (faux, de préférence): «Tell me more, tell me more (aha, aha, ahahahaha)…»
Ophélie Wiel (Critikat Fev 2013)