ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Cinéaste de la justesse permanente, Stephen Frears a parfaitement senti et cerné ce que devait être son biopic partiel sur Lance Armstrong. Vif et ciselé dans sa mise en scène, porté par la force d’un langage clair, concis et efficace, The Program se met au diapason des coups de pédale acharnés de son personnage, se glisse dans sa roue pour foncer aussi vite que lui sur les routes du Tour de France, et nous entraîne passionnément dans sa reconstitution appliquée et rendu haletante par le recours aux codes du thriller. Le cinéaste britannique signe un biopic ludique, marqué par la vitesse de sa dynamique d’exécution, par son absence de fioritures balayant d’un revers de la main, la moindre seconde d’ennui qui guette généralement tout effort de biopic. Et Frears de dresser alors son tableau sans concession de l’emblématique sportif, ne l’épargnant jamais, ne l’accablant pas non plus. C’est à n’en pas douter d’ailleurs, l’une des plus grandes forces du film. Jamais le britannique ne verse dans la charge gratuite et virulente. Toujours respectueux, Stephen Frears fait ce qu’il sait faire de mieux, rendre son personnage attachant malgré ses travers en embrassant suffisamment de distance pour être à la fois juste et pertinent. Ce qui ressort de The Program, c’est avant tout le portrait d’un homme commandé par son envie de gagner, quitte à emprunter tous les chemins possibles pour être au niveau des autres avant de les dépasser par sa soif de victoire. Au-delà d’un « tricheur ayant sali son sport », Lance Armstrong était avant tout un combattant armé d’une rage de vaincre sans faille. En se focalisant presque exclusivement sur son rapport au dopage (le film n’aborde quasiment pas sa vie personnelle en dehors de la maladie et de son engagement militant pour la recherche contre le Cancer, ce qui lui permet d’inclure une part d’empathie envers son personnage), Frears est animé par l’intention de montrer avant tout, un homme fascinant et ambitieux, transformé par les malheurs de sa vie en machine à gagner coût que coût. Surtout, le cinéaste livre un portrait captivant d’un héros moderne, devenant un anti-héros trompant tout le monde, y compris lui-même par ses choix aveuglés sans y voir le mal. Il pointe au passage du doigt, la façon dont l’opinion publique et certaines instances ont pu créer un mythe avant de le défaire ensuite.Si la démarche très centrée sur un angle bien spécifique nous fera regretter certaines zones peu développées (les motivations profondes et initiales d’Armstrong en créant sa fondation LiveStrong par exemple), The Program est un effort redoutable de virtuosité dans la façon dont il nous alpague pour nous plonger au cœur de son sujet, au plus près des évènements narrés. Sur la foi d’un impressionnant Jeremy Strong, entouré d’excellents seconds rôles à commencer par un Guillaume Canet convaincant en médecin italien mafieux jouant avec les limites de la déontologie (le rôle pourra prêter à sourire au début le temps que l’on se fasse à l’accent imité), The Program est une réussite modeste, probablement pas un très grand film, mais l’exploration passionnante des contours d’un mythe égratigné. Du bel ouvrage rendu palpitant par le savoir-faire indéniable de son auteur, ce talentueux conteur qu’est Stephen Frears.
Nicolas Rieux (mondocine)
Cinélégende
lundi 2 octobre
2023 à 20h00
Magouilles et débrouille - Sport : vers la performance !
Présentation et débat en présence de Louis Mathieu, Cinéma Parlant et Wendy Cutler, docteure en langues et littératures anglophones
Séance organisée en collaboration avec l'association Cinélégende et l'association Cinéma Parlant
THE PROGRAM
de Stephen Frears
Avec Ben Foster, Chris O'Dowd, Guillaume Canet
GRANDE-BRETAGNE - FRANCE - 2015 - 1h43 - Version originale sous-titrée
Un journaliste sportif et d'investigation irlandais est convaincu que les performances du coureur cycliste américain Lance Armstrong lors de ses sept victoires au Tour de France, entre 1999 et 2005, sont alimentées par des substances dopantes illicites. Avec cette conviction, il commence la chasse aux preuves qui confondront ce sportif au destin hors du commun.
https://www.facebook.com/TheProgramFR
A PROPOS
Cinéaste de la justesse permanente, Stephen Frears a parfaitement senti et cerné ce que devait être son biopic partiel sur Lance Armstrong. Vif et ciselé dans sa mise en scène, porté par la force d’un langage clair, concis et efficace, The Program se met au diapason des coups de pédale acharnés de son personnage, se glisse dans sa roue pour foncer aussi vite que lui sur les routes du Tour de France, et nous entraîne passionnément dans sa reconstitution appliquée et rendu haletante par le recours aux codes du thriller. Le cinéaste britannique signe un biopic ludique, marqué par la vitesse de sa dynamique d’exécution, par son absence de fioritures balayant d’un revers de la main, la moindre seconde d’ennui qui guette généralement tout effort de biopic. Et Frears de dresser alors son tableau sans concession de l’emblématique sportif, ne l’épargnant jamais, ne l’accablant pas non plus. C’est à n’en pas douter d’ailleurs, l’une des plus grandes forces du film. Jamais le britannique ne verse dans la charge gratuite et virulente. Toujours respectueux, Stephen Frears fait ce qu’il sait faire de mieux, rendre son personnage attachant malgré ses travers en embrassant suffisamment de distance pour être à la fois juste et pertinent. Ce qui ressort de The Program, c’est avant tout le portrait d’un homme commandé par son envie de gagner, quitte à emprunter tous les chemins possibles pour être au niveau des autres avant de les dépasser par sa soif de victoire. Au-delà d’un « tricheur ayant sali son sport », Lance Armstrong était avant tout un combattant armé d’une rage de vaincre sans faille. En se focalisant presque exclusivement sur son rapport au dopage (le film n’aborde quasiment pas sa vie personnelle en dehors de la maladie et de son engagement militant pour la recherche contre le Cancer, ce qui lui permet d’inclure une part d’empathie envers son personnage), Frears est animé par l’intention de montrer avant tout, un homme fascinant et ambitieux, transformé par les malheurs de sa vie en machine à gagner coût que coût. Surtout, le cinéaste livre un portrait captivant d’un héros moderne, devenant un anti-héros trompant tout le monde, y compris lui-même par ses choix aveuglés sans y voir le mal. Il pointe au passage du doigt, la façon dont l’opinion publique et certaines instances ont pu créer un mythe avant de le défaire ensuite.Si la démarche très centrée sur un angle bien spécifique nous fera regretter certaines zones peu développées (les motivations profondes et initiales d’Armstrong en créant sa fondation LiveStrong par exemple), The Program est un effort redoutable de virtuosité dans la façon dont il nous alpague pour nous plonger au cœur de son sujet, au plus près des évènements narrés. Sur la foi d’un impressionnant Jeremy Strong, entouré d’excellents seconds rôles à commencer par un Guillaume Canet convaincant en médecin italien mafieux jouant avec les limites de la déontologie (le rôle pourra prêter à sourire au début le temps que l’on se fasse à l’accent imité), The Program est une réussite modeste, probablement pas un très grand film, mais l’exploration passionnante des contours d’un mythe égratigné. Du bel ouvrage rendu palpitant par le savoir-faire indéniable de son auteur, ce talentueux conteur qu’est Stephen Frears.
Nicolas Rieux (mondocine)