ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Cauchemar claustrophobe, entre Hitchcock et Lynch, Shutter Island est l’adaptation du très remarqué thriller de Denis Lehane, publié en 2003, et dont le film de Martin Scorsese reprend les éléments essentiels : entre autres, l’hôpital psychiatrique ultra-sécurisé qui abrite des malades particulièrement inquiétants, la disparition d’une patiente, le duo de policiers qui débarquent sur l’île pour résoudre cette ténébreuse affaire. On n’en dira pas plus. Pour le réalisateur américain, l’adaptation de ce roman est l’occasion de renouer avec un genre qu’il n’avait plus exploré depuis Les Nerfs avec vif (1991), avec Nick Nolte et Robert De Niro. Le microcosme inquiétant que constitue cette communauté de détenus et de soignants dans une prison insulaire permet à Scorsese de brouiller les pistes entre folie et raison, perdant le spectateur dans un labyrinthe impossible à quitter, dont les lieux ne sont que la matérialisation symbolique. Magnifié par la superbe photographie de Robert Richardson, qui donne au paysage insulaire une dimension post-apocalyptique, le long-métrage met en scène la terrible épreuve que subit le marshals Daniels (transcendé par la performance de DiCaprio). Celle-ci peut se lire, a priori, comme la déstabilisation ultime d’une rationalité confrontée à une expérience indicible. On a bien écrit "a priori"... Dès l’arrivée du ferry perçant la brume épaisse, référence évidente au mythe du "vaisseau fantôme", le spectateur est immergé dans une ambiance fantastique que Scorsese maîtrise de bout en bout : les rebondissements s’enchaînent, qu’on ne dévoilera pas, les scènes mémorables permettent une lecture symbolique des événements qui adviennent, où les références au nazisme côtoient les peurs les plus archaïques de l’humanité que réactivent les malades aux pulsions incontrôlables. Le talent de Scorsese est d’entremêler ces références "macroscopiques" avec le parcours individuel d’un héros qui, lui-même, a vécu un drame, dont les conséquences se font sentir... jusqu’au twist final, un des plus stupéfiants que l’on ait vus ces dernières années, catalysé par la performance de l’excellent Ben Kingsley, en terrifiant médecin. Assurément, son meilleur rôle depuis La Jeune fille et la Mort de Roman Polanski.
Jérémy Gallet (avoiralire.com)
Cinélégende
lundi 19 février
2024 à 20h00
Magouilles et débrouille - conscience : délit de culpabilité
Présentation et débat en présence de Louis Mathieu, Cinéma Parlant et Pierre Streliski, psychiatre et psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne
Séance organisée en collaboration avec l'association Cinélégende et l'association Cinéma Parlant
SHUTTER ISLAND
de Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley
USA - 2009 - 2h18 - Version originale sous-tiitrée - Interdit aux moins de 12 ans
1954... Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule, marshals fédéraux, sont appelés sur Shutter Island, une île où a été aménagé un hôpital psychiatrique chargé de s'occuper des malades souffrant de graves troubles mentaux et ayant commis des meurtres. Une des patientes a disparu de l'établissement...
A PROPOS
Cauchemar claustrophobe, entre Hitchcock et Lynch, Shutter Island est l’adaptation du très remarqué thriller de Denis Lehane, publié en 2003, et dont le film de Martin Scorsese reprend les éléments essentiels : entre autres, l’hôpital psychiatrique ultra-sécurisé qui abrite des malades particulièrement inquiétants, la disparition d’une patiente, le duo de policiers qui débarquent sur l’île pour résoudre cette ténébreuse affaire. On n’en dira pas plus. Pour le réalisateur américain, l’adaptation de ce roman est l’occasion de renouer avec un genre qu’il n’avait plus exploré depuis Les Nerfs avec vif (1991), avec Nick Nolte et Robert De Niro. Le microcosme inquiétant que constitue cette communauté de détenus et de soignants dans une prison insulaire permet à Scorsese de brouiller les pistes entre folie et raison, perdant le spectateur dans un labyrinthe impossible à quitter, dont les lieux ne sont que la matérialisation symbolique. Magnifié par la superbe photographie de Robert Richardson, qui donne au paysage insulaire une dimension post-apocalyptique, le long-métrage met en scène la terrible épreuve que subit le marshals Daniels (transcendé par la performance de DiCaprio). Celle-ci peut se lire, a priori, comme la déstabilisation ultime d’une rationalité confrontée à une expérience indicible. On a bien écrit "a priori"... Dès l’arrivée du ferry perçant la brume épaisse, référence évidente au mythe du "vaisseau fantôme", le spectateur est immergé dans une ambiance fantastique que Scorsese maîtrise de bout en bout : les rebondissements s’enchaînent, qu’on ne dévoilera pas, les scènes mémorables permettent une lecture symbolique des événements qui adviennent, où les références au nazisme côtoient les peurs les plus archaïques de l’humanité que réactivent les malades aux pulsions incontrôlables. Le talent de Scorsese est d’entremêler ces références "macroscopiques" avec le parcours individuel d’un héros qui, lui-même, a vécu un drame, dont les conséquences se font sentir... jusqu’au twist final, un des plus stupéfiants que l’on ait vus ces dernières années, catalysé par la performance de l’excellent Ben Kingsley, en terrifiant médecin. Assurément, son meilleur rôle depuis La Jeune fille et la Mort de Roman Polanski.
Jérémy Gallet (avoiralire.com)