ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
« Les français sont bien en peine de résumer ce qu’on me reproche. Personne n’y comprend rien. » a déclaré Nicolas Sarkozy au Figaro Magazine le 16 août 2023.
Des mots de l’ancien président inculpé qui feint le vertige et l’indignation. Malaise.
Personne n’y comprend rien usurpe en un clin d’œil amusé ces mots pour son titre. Le but de ce documentaire est bien que tout le monde comprenne (enfin ?). Il remonte le fil des preuves et témoignages accablant un personnage politique qui ne se lasse pas de voir les faits s’accumuler contre lui et crie à l’outrage tout en niant effrontément devant ces « français qui sont bien en peine ». En attendant, un lourd dossier lui promet bien des peines. Moins d’un mois après sa condamnation définitive dans l’affaire « Paul Bismuth » pour corruption et trafic d’influence, Nicolas Sarkozy s’est de nouveau retrouvé au tribunal ce lundi pour un énième procès qui se tiendra jusqu’en avril.
S’il est jugé aujourd’hui, près de vingt ans après les méfaits qui lui sont attribués, c’est en grande partie grâce à 15 ans d’investigation déterminée par les journalistes de Mediapart. Personne n’y comprend rien s’appuie d’ailleurs sur le livre de Fabrice Arfi et Karl Laske (qui prennent à l’écran le rôle de conteurs) Avec les compliments du Guide – Sarkozy-Kadhafi, l’histoire secrète qui décrit l’affaire sur pas moins de 400 pages. Une matière première aussi dense que précieuse dont sont extraites les grandes lignes de l’enquête réécrites dans le film de Yannick Kergoat.
L’idée n’est pas de faire le procès de Sarkozy et de sa clique mais de raconter l’affaire en passant d’une montagne d’articles à 1h40 de film cinématographique, touchant ainsi un plus large auditoire. Transformer des mots en images capables de résonner sur la place publique du cinéma pour répondre aux apitoiements du principal accusé qui se promène dans les médias quasiment apathiques : voilà l’ambition de ce documentaire. Un guide éclairant qui, s’il réussit sa mission, devrait révéler les ombres grossières des stratégies de sauvetage désespérées et désespérantes de l’incriminé.
Produit par Mediapart grâce au généreux soutien de milliers de donateurs, le film s’est donc construit en collaboration avec les plumes les plus expertes du sujet. Yannick Kergoat, monteur de fiction césarisé (pour Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll sorti en 2000), est désormais un réalisateur coutumier du genre documentaire engagé. Il a co-réalisé avec Gilles Balbastre Les nouveaux chiens de garde, en 2012, sur les copinages entre médias et pouvoir politique et son dernier long-métrage La (très) grande évasion, sorti en 2021, pointait de sa caméra les mécanismes de la fraude fiscale et ses conséquences sur l’économie française.
Personne n’y comprend rien expose un récit qui dépend justement du montage pour exister en tant que tel. On ne filme pas une suite de preuves et de témoignages. Il a fallu les transposer en images, en voix, en textes, en sons, et articuler tout cela avec la langue du cinéma. Trouver un rythme. L’écriture et la réalisation coopèrent dans la phase finale du film, lorsqu’il est monté.
Et si le plus important est évidemment d’informer qui veut bien l’être, le film ne se prive pas d’effets de style. Un décor d’appartement vide abrite les journalistes racontant l’affaire, comme reclus dans un lieu tenu secret pour enquêter discrètement. Des split-screens, accentuant le caractère éparpillé des fouilles. Des conversations téléphoniques retranscrites et rejouées à l’écran. Des archives, parfois brutes, contextuelles, parfois projetées sur des murs du décor nu, sous une simple lumière en réflexion, les discours télévisés perdent en opacité et révèlent leur nature fumeuse. (Re)voir ces archives avec la vision d’ensemble des faits qu’apporte le film permet une (re)lecture avisée, mais d’une manière plus générale, une désacralisation de la parole politique et un questionnement de ce qui est déclaré et des possibles défaillances de la vérité à émerger dans la sphère médiatique.
Personne n’y comprend rien est un documentaire qui, lui, a bien compris les enjeux de la plus grave affaire impliquant un président français. L’accès à une information de qualité qu’offre l’indépendance et le sérieux journalistique, et le démasquage de manœuvres de communications politiques sont nécessaires à l’appréciation du procès à l’ordre du jour.
Anna Fournier (culturopoing.com)
Ciné Doc
lundi 10 février
à 20h00
En présence de Maître Grace Favrel, Avocate au barreau de Paris, spécialiste des droits et en droit de l'environnement, membre du comité national de la LDH
Soirée organisée en collaboration avec ATTAC 49 et LDH 49
PERSONNE N'Y COMPREND RIEN
de Yannick Kergoat
Documentaire
FRANCE - 1h43 - 2024
Une démocratie et une dictature. Une campagne présidentielle et de l’argent noir. Une guerre et des morts. « Personne n'y comprend rien », se rassure Nicolas Sarkozy au sujet de ses liens avec le colonel Kadhafi. Alors que s’ouvre le procès de l’affaire des financements libyens, voici le film qui va enfin vous permettre de tout comprendre à l’un des scandales les plus retentissants de la Ve République.
https://jour2fete.com/film/personne-ny-comprend-rien/
A PROPOS
« Les français sont bien en peine de résumer ce qu’on me reproche. Personne n’y comprend rien. » a déclaré Nicolas Sarkozy au Figaro Magazine le 16 août 2023.
Des mots de l’ancien président inculpé qui feint le vertige et l’indignation. Malaise.
Personne n’y comprend rien usurpe en un clin d’œil amusé ces mots pour son titre. Le but de ce documentaire est bien que tout le monde comprenne (enfin ?). Il remonte le fil des preuves et témoignages accablant un personnage politique qui ne se lasse pas de voir les faits s’accumuler contre lui et crie à l’outrage tout en niant effrontément devant ces « français qui sont bien en peine ». En attendant, un lourd dossier lui promet bien des peines. Moins d’un mois après sa condamnation définitive dans l’affaire « Paul Bismuth » pour corruption et trafic d’influence, Nicolas Sarkozy s’est de nouveau retrouvé au tribunal ce lundi pour un énième procès qui se tiendra jusqu’en avril.
S’il est jugé aujourd’hui, près de vingt ans après les méfaits qui lui sont attribués, c’est en grande partie grâce à 15 ans d’investigation déterminée par les journalistes de Mediapart. Personne n’y comprend rien s’appuie d’ailleurs sur le livre de Fabrice Arfi et Karl Laske (qui prennent à l’écran le rôle de conteurs) Avec les compliments du Guide – Sarkozy-Kadhafi, l’histoire secrète qui décrit l’affaire sur pas moins de 400 pages. Une matière première aussi dense que précieuse dont sont extraites les grandes lignes de l’enquête réécrites dans le film de Yannick Kergoat.
L’idée n’est pas de faire le procès de Sarkozy et de sa clique mais de raconter l’affaire en passant d’une montagne d’articles à 1h40 de film cinématographique, touchant ainsi un plus large auditoire. Transformer des mots en images capables de résonner sur la place publique du cinéma pour répondre aux apitoiements du principal accusé qui se promène dans les médias quasiment apathiques : voilà l’ambition de ce documentaire. Un guide éclairant qui, s’il réussit sa mission, devrait révéler les ombres grossières des stratégies de sauvetage désespérées et désespérantes de l’incriminé.
Produit par Mediapart grâce au généreux soutien de milliers de donateurs, le film s’est donc construit en collaboration avec les plumes les plus expertes du sujet. Yannick Kergoat, monteur de fiction césarisé (pour Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll sorti en 2000), est désormais un réalisateur coutumier du genre documentaire engagé. Il a co-réalisé avec Gilles Balbastre Les nouveaux chiens de garde, en 2012, sur les copinages entre médias et pouvoir politique et son dernier long-métrage La (très) grande évasion, sorti en 2021, pointait de sa caméra les mécanismes de la fraude fiscale et ses conséquences sur l’économie française.
Personne n’y comprend rien expose un récit qui dépend justement du montage pour exister en tant que tel. On ne filme pas une suite de preuves et de témoignages. Il a fallu les transposer en images, en voix, en textes, en sons, et articuler tout cela avec la langue du cinéma. Trouver un rythme. L’écriture et la réalisation coopèrent dans la phase finale du film, lorsqu’il est monté.
Et si le plus important est évidemment d’informer qui veut bien l’être, le film ne se prive pas d’effets de style. Un décor d’appartement vide abrite les journalistes racontant l’affaire, comme reclus dans un lieu tenu secret pour enquêter discrètement. Des split-screens, accentuant le caractère éparpillé des fouilles. Des conversations téléphoniques retranscrites et rejouées à l’écran. Des archives, parfois brutes, contextuelles, parfois projetées sur des murs du décor nu, sous une simple lumière en réflexion, les discours télévisés perdent en opacité et révèlent leur nature fumeuse. (Re)voir ces archives avec la vision d’ensemble des faits qu’apporte le film permet une (re)lecture avisée, mais d’une manière plus générale, une désacralisation de la parole politique et un questionnement de ce qui est déclaré et des possibles défaillances de la vérité à émerger dans la sphère médiatique.
Personne n’y comprend rien est un documentaire qui, lui, a bien compris les enjeux de la plus grave affaire impliquant un président français. L’accès à une information de qualité qu’offre l’indépendance et le sérieux journalistique, et le démasquage de manœuvres de communications politiques sont nécessaires à l’appréciation du procès à l’ordre du jour.
Anna Fournier (culturopoing.com)