ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Doublement récompensé à la Semaine de la critique cannoise avec le Prix Fondation Gan à la Diffusion et le Prix SACD, "Julie se tait", premier film belge, mêlant français et flamand, nous positionne au plus près d’une adolescente, se terrant dans un certain mutisme, ne comprenant pas pourquoi une camarade de jeu s’est suicidée, et essayant de découvrir pourquoi son entraîneur a été suspendu. Orienté sur la capacité à briser le lien, le film observe à juste distance cette jeune fille dans son isolement progressif, les plans, savamment calculés, venant à l’appui de cette situation, qu’elle soit entourée ou non. En maintenant le mystère sur l’enquête en cours, le black out sur les témoignages des autres, c’est le silence de Julie qui montre en soi l’existence d’une emprise, que le lien, même ponctuel, maintenu avec son ancien entraîneur (Jeremy), commence à dévoiler, comme les rares paroles où elle semble d’abord le défendre.
Mais il suffit d’un dialogue avec un téléphone posé sur la poitrine, ou d’une scène de rencontre au café, pour déceler les rouages d’une manipulation, basée sur la flatterie (se sentir spéciale) et visant à se poser en seul mentor ou à minimiser certains gestes. Le choix de maintenir finalement le fameux « accusé » hors cadre quasiment tout le film (il s’incarne par un bout de film sur Aline, apparaît quelques instants au café, revient dans une vidéo internet dont on entendra que le son) rajoute à la suspicion et au malaise, mais permet avant tout d’attendre la parole de celle qu’on pressent comme potentielle victime. Décrivant une vie certes bien réglée mais morne, faite de gestes répétitifs et de décors aux couleurs éteintes (un reflet de l’état psychologique de la protagoniste) le film questionne avec intelligence la capacité à prendre du recul sur sa propre situation en tant qu’adolescent(e) influençable. Apres "Slalom" en 2020, avec Noée Abita, dans le monde du ski, "Julie se tait" prend donc le monde du tennis comme terrain de questionnant sur la protection des mineurs, et leur capacité à s’extirper eux-mêmes d’une situation toxique. Et la grande force du scenario réside là : donner progressivement la force à son personnage d’accepter l’aide des autres, sans être totalement désarmée, mais en faisant les choses à son rythme.
Olivier Bachelard (Abus de ciné)
Soirée Rencontre
lundi 10 février
à 20h00
suivi d'une rencontre avec des juristes et des psychologues de France Victimes 49
Soirée organisée en collaboration avec France Victimes 49
JULIE SE TAIT
de Leonardo Van Dijl
Avec Tessa Van den Broeck, Ruth Becquart, Koen De Bouw
BELGIQUE - 2024 - 1h37 - VOST - Cannes 2024
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l'entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu'une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.
https://jour2fete.com/film/juliesetait/
A PROPOS
Doublement récompensé à la Semaine de la critique cannoise avec le Prix Fondation Gan à la Diffusion et le Prix SACD, "Julie se tait", premier film belge, mêlant français et flamand, nous positionne au plus près d’une adolescente, se terrant dans un certain mutisme, ne comprenant pas pourquoi une camarade de jeu s’est suicidée, et essayant de découvrir pourquoi son entraîneur a été suspendu. Orienté sur la capacité à briser le lien, le film observe à juste distance cette jeune fille dans son isolement progressif, les plans, savamment calculés, venant à l’appui de cette situation, qu’elle soit entourée ou non. En maintenant le mystère sur l’enquête en cours, le black out sur les témoignages des autres, c’est le silence de Julie qui montre en soi l’existence d’une emprise, que le lien, même ponctuel, maintenu avec son ancien entraîneur (Jeremy), commence à dévoiler, comme les rares paroles où elle semble d’abord le défendre.
Mais il suffit d’un dialogue avec un téléphone posé sur la poitrine, ou d’une scène de rencontre au café, pour déceler les rouages d’une manipulation, basée sur la flatterie (se sentir spéciale) et visant à se poser en seul mentor ou à minimiser certains gestes. Le choix de maintenir finalement le fameux « accusé » hors cadre quasiment tout le film (il s’incarne par un bout de film sur Aline, apparaît quelques instants au café, revient dans une vidéo internet dont on entendra que le son) rajoute à la suspicion et au malaise, mais permet avant tout d’attendre la parole de celle qu’on pressent comme potentielle victime. Décrivant une vie certes bien réglée mais morne, faite de gestes répétitifs et de décors aux couleurs éteintes (un reflet de l’état psychologique de la protagoniste) le film questionne avec intelligence la capacité à prendre du recul sur sa propre situation en tant qu’adolescent(e) influençable. Apres "Slalom" en 2020, avec Noée Abita, dans le monde du ski, "Julie se tait" prend donc le monde du tennis comme terrain de questionnant sur la protection des mineurs, et leur capacité à s’extirper eux-mêmes d’une situation toxique. Et la grande force du scenario réside là : donner progressivement la force à son personnage d’accepter l’aide des autres, sans être totalement désarmée, mais en faisant les choses à son rythme.
Olivier Bachelard (Abus de ciné)