ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES

A PROPOS
2004 fut une année décisive pour le cinéma coréen. En l’espace de quelques mois furent révélés trois cinéastes inconnus, tous promis à une prestigieuse carrière. En mai, Old Boy de Park Chan-wook, sélectionné à Cannes, fascina le président du jury Quentin Tarantino et remporta le Grand Prix. En juin, Deux sœurs de Kim Jee-woon (Grand prix du Festival de Gérardmer) dévoilait le raffinement et la cruauté des fantômes coréens.
Le même mois, Memories of Murder de Bong Joon-ho (Grand prix du Festival du film policier de Cognac) s’imposait comme un classique du néo-noir, s’emparant d’un genre d’ordinaire réservé à Hollywood : le film de Serial Killer. Ce n’était pas une mode passagère : les cartes du cinéma asiatique étaient redistribuées et après le Japon et Hong Kong, c’est la Corée qui imposait son style : élégant, sensuel mais aussi trouble et violent.
Revoir Memories of Murder 18 ans après sa sortie, c’est replonger dans un classique contemporain mais surtout se laisser prendre à nouveau aux maléfices d’une œuvre dont on n’a jamais fini d’explorer les strates. Avec cette traque d’un tueur de femmes dans une campagne pluvieuse et fantomatique, Bong signait un thriller à la précision diabolique, une peinture amère de la Corée des années 80, une comédie noire mais surtout une réflexion sur le visage du Mal
Plans Cultes
mardi 15 mars
2022 à 19h30
Tarif spécial soirée : 9€ les 2 films sinon tarifs habituels
MEMORIES OF MURDER
de Bong Joon Ho
avec Kang Ho Song, Sang Kyung Kim, Hee Bong Byun
CORÉE DU SUD - 2003 - 2h10 - VOST - Réédition - Version restaurée
En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...
A PROPOS
2004 fut une année décisive pour le cinéma coréen. En l’espace de quelques mois furent révélés trois cinéastes inconnus, tous promis à une prestigieuse carrière. En mai, Old Boy de Park Chan-wook, sélectionné à Cannes, fascina le président du jury Quentin Tarantino et remporta le Grand Prix. En juin, Deux sœurs de Kim Jee-woon (Grand prix du Festival de Gérardmer) dévoilait le raffinement et la cruauté des fantômes coréens.
Le même mois, Memories of Murder de Bong Joon-ho (Grand prix du Festival du film policier de Cognac) s’imposait comme un classique du néo-noir, s’emparant d’un genre d’ordinaire réservé à Hollywood : le film de Serial Killer. Ce n’était pas une mode passagère : les cartes du cinéma asiatique étaient redistribuées et après le Japon et Hong Kong, c’est la Corée qui imposait son style : élégant, sensuel mais aussi trouble et violent.
Revoir Memories of Murder 18 ans après sa sortie, c’est replonger dans un classique contemporain mais surtout se laisser prendre à nouveau aux maléfices d’une œuvre dont on n’a jamais fini d’explorer les strates. Avec cette traque d’un tueur de femmes dans une campagne pluvieuse et fantomatique, Bong signait un thriller à la précision diabolique, une peinture amère de la Corée des années 80, une comédie noire mais surtout une réflexion sur le visage du Mal

A PROPOS
A condition de ne pas trop en savoir, Old boy est un film magique, viscéral, stupéfiant, brutal et pourtant si fragile, si beau. Un écheveau d’histoires d’amour manquées, folles ou amorales, faites de sacrifice, de haine et d’interdits. Quelque chose comme le digne successeur d’Orange mécanique et de Fight club. Un film qui sent bon le parfum si sulfureux de nos plus grands scandales, la cendre et le souffre.
On aurait pu taxer ce film de méchamment provocateur si la violence du propos et des images était gratuite. Or, il n’en est rien. Park Chan-wook ne choque pas pour choquer mais pour retranscrire la fièvre, la haine, le bouillonnement interne de personnages extrêmes confrontés à des situations extrêmes. Sous la forme agressive, perce le romantisme le plus sourd. Sous le damier sanglant, un regard follement empathique. Preuve de sa robustesse et de sa qualité : Old boy gagne à être vu à répétition, surtout quand on connaît les nombreux rebondissements qui parsèment l’intrigue. Park Chan-wook confirme : "Depuis l’avènement des DVD et des nombreux supports digitaux, les gens peuvent voir un film à de nombreuses reprises dans de bonnes conditions. J’ai fait ce film, en gardant à l’esprit que les spectateurs pourront regarder Old boy plusieurs fois et découvrir de nouveaux éléments à chaque vision." La puissance visuelle (dont la plus belle idée reste ce split-screen qui retrace quinze ans de séquestration) alliée à la force d’un récit subjectif sont les deux composantes d’un impitoyable moment de cinéma, marqué par le pessimisme et la perte de l’humanité au profit de la bestialité.
A l’instar de tous les films ultra-violents qui n’ont pas de morale, Old boy divise furieusement. Faut-il rappeler que les œuvres majeures sont souvent celles qui ne font pas l’unanimité ? En cela, oui, confirmons-le : Old boy est un film monstrueux. Dans tous les sens du mot.
Romain Le Vern (aVoir aLire.com)
OLD BOY
de Park Chan Wook
avec Choi Min-shik, Yoo Ji-tae, Kang Hye-Jeong
CORÉE DU SUD - 2003 - 1h59 - VOST - Interdit aux moins de 16 ans - Grand Prix du jury Cannes 2004
A la fin des années 80, Oh Dae-Soo, père de famille sans histoire, est enlevé un jour devant chez lui. Séquestré pendant plusieurs années dans une cellule privée, son seul lien avec l'extérieur est une télévision. Par le biais de cette télévision, il apprend le meurtre de sa femme, meurtre dont il est le principal suspect. Au désespoir d'être séquestré sans raison apparente succède alors chez le héros une rage intérieure vengeresse qui lui permet de survivre. Il est relâché 15 ans plus tard, toujours sans explication. Oh Dae-Soo est alors contacté par celui qui semble être le responsable de ses malheurs, qui lui propose de découvrir qui l'a enlevé et pourquoi. Le cauchemar continue pour le héros.
A PROPOS
A condition de ne pas trop en savoir, Old boy est un film magique, viscéral, stupéfiant, brutal et pourtant si fragile, si beau. Un écheveau d’histoires d’amour manquées, folles ou amorales, faites de sacrifice, de haine et d’interdits. Quelque chose comme le digne successeur d’Orange mécanique et de Fight club. Un film qui sent bon le parfum si sulfureux de nos plus grands scandales, la cendre et le souffre.
On aurait pu taxer ce film de méchamment provocateur si la violence du propos et des images était gratuite. Or, il n’en est rien. Park Chan-wook ne choque pas pour choquer mais pour retranscrire la fièvre, la haine, le bouillonnement interne de personnages extrêmes confrontés à des situations extrêmes. Sous la forme agressive, perce le romantisme le plus sourd. Sous le damier sanglant, un regard follement empathique. Preuve de sa robustesse et de sa qualité : Old boy gagne à être vu à répétition, surtout quand on connaît les nombreux rebondissements qui parsèment l’intrigue. Park Chan-wook confirme : "Depuis l’avènement des DVD et des nombreux supports digitaux, les gens peuvent voir un film à de nombreuses reprises dans de bonnes conditions. J’ai fait ce film, en gardant à l’esprit que les spectateurs pourront regarder Old boy plusieurs fois et découvrir de nouveaux éléments à chaque vision." La puissance visuelle (dont la plus belle idée reste ce split-screen qui retrace quinze ans de séquestration) alliée à la force d’un récit subjectif sont les deux composantes d’un impitoyable moment de cinéma, marqué par le pessimisme et la perte de l’humanité au profit de la bestialité.
A l’instar de tous les films ultra-violents qui n’ont pas de morale, Old boy divise furieusement. Faut-il rappeler que les œuvres majeures sont souvent celles qui ne font pas l’unanimité ? En cela, oui, confirmons-le : Old boy est un film monstrueux. Dans tous les sens du mot.
Romain Le Vern (aVoir aLire.com)