ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
En Sicile, le Nord de Syracuse abrite l’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. Depuis les années 1970, son activité vaut à toute la région d’être polluée en profondeur et le nombre d’habitants atteints de cancers ou, pour les plus jeunes, de mal-formations ou de stérilité, est des plus alarmants. Recueillant les témoignages de victimes ou de leurs proches, François-Xavier Destors, historien et réalisateur, et Alfonso Pinto, chercheur, retracent l’histoire d’un scandale sanitaire étouffé depuis des décennies.
Portrait croisé de ses protagonistes – filmés dans leur quotidien et s’exprimant pour la plupart en voix-off, parfois même anonymement – et de la région dans laquelle ils vivent, Toxicily frappe en premier lieu par le contraste entre la gravité de la situation qu’il aborde – contamination durable des sols et de l’eau, émanations toxiques, profusion de maladies graves chez les riverains – et le calme avec lequel ces derniers s’expriment. Clairvoyants et dignes, tous relatent sans détour la corruption mafieuse des pouvoirs publics ayant permis aux industriels de polluer impunément, l’aptitude de ces mêmes industriels à contourner les règlementations mises en place bien plus tard, la « loi du silence » encore prégnante chez les victimes – et toujours entretenue par la mafia locale – mais aussi la résignation générale induite durant des années par les enjeux économiques de la raffinerie pour la région de Syracuse et l’idéal de « progrès » qu’elle semblait incarner aux yeux de tous.
Consacré, comme le dit l’une de ses protagonistes, aux « horreurs dissimulées » et mettant en lumière les dangers de la « technique de l’autruche » le film joue également du contraste entre la beauté idyllique des paysages siciliens et le fait que ceux apparaissant dans le film sont chargés de poison afin de renforcer son message. L’un des moments les plus marquants du film – en dehors des témoignages – se trouve ainsi être un simple plan sur un pré dans lequel paissent des vaches, alors qu’un écriteau en signale l’interdiction pour cause de pollution excessive, tandis que deux amis se risquent à gouter des amandes ayant poussé dans la même zone…
Plaidoyer politique et philosophique habité par un désir de justice aussi évident que louable, Toxicily filme avec une justesse saisissante le poids de l’omerta et la difficulté des victimes à être entendues, invitant le spectateur à s’interroger sur le rôle de chacun afin de faire évoluer le monde dans le bon sens.
Alexandre Lebrac (culturopoing.com)
Ciné doc
mardi 10 décembre
2024 à 20h00
En présence de Xavier Métay, Directeur de France Nature Environnement Pays de la Loire
TOXICILY
de François-Xavier Destors & Alfonso Pinto
Documentaire
ITALIE - FRANCE - 2022 - 1h16 - Version originale sous titrée
En Sicile, au Nord de Syracuse, l'un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe empoisonne depuis 70 ans l'environnement et les hommes. « Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim », entend-on sur la plage qui borde la raffinerie. Dans un contexte d’omerta et de résignation, le film donne la parole à ceux qui luttent et qui survivent au cœur d’un territoire sacrifié sur l’autel du progrès et de la mondialisation.
https://www.jhrfilms.com/catalogue/toxicily
A PROPOS
En Sicile, le Nord de Syracuse abrite l’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. Depuis les années 1970, son activité vaut à toute la région d’être polluée en profondeur et le nombre d’habitants atteints de cancers ou, pour les plus jeunes, de mal-formations ou de stérilité, est des plus alarmants. Recueillant les témoignages de victimes ou de leurs proches, François-Xavier Destors, historien et réalisateur, et Alfonso Pinto, chercheur, retracent l’histoire d’un scandale sanitaire étouffé depuis des décennies.
Portrait croisé de ses protagonistes – filmés dans leur quotidien et s’exprimant pour la plupart en voix-off, parfois même anonymement – et de la région dans laquelle ils vivent, Toxicily frappe en premier lieu par le contraste entre la gravité de la situation qu’il aborde – contamination durable des sols et de l’eau, émanations toxiques, profusion de maladies graves chez les riverains – et le calme avec lequel ces derniers s’expriment. Clairvoyants et dignes, tous relatent sans détour la corruption mafieuse des pouvoirs publics ayant permis aux industriels de polluer impunément, l’aptitude de ces mêmes industriels à contourner les règlementations mises en place bien plus tard, la « loi du silence » encore prégnante chez les victimes – et toujours entretenue par la mafia locale – mais aussi la résignation générale induite durant des années par les enjeux économiques de la raffinerie pour la région de Syracuse et l’idéal de « progrès » qu’elle semblait incarner aux yeux de tous.
Consacré, comme le dit l’une de ses protagonistes, aux « horreurs dissimulées » et mettant en lumière les dangers de la « technique de l’autruche » le film joue également du contraste entre la beauté idyllique des paysages siciliens et le fait que ceux apparaissant dans le film sont chargés de poison afin de renforcer son message. L’un des moments les plus marquants du film – en dehors des témoignages – se trouve ainsi être un simple plan sur un pré dans lequel paissent des vaches, alors qu’un écriteau en signale l’interdiction pour cause de pollution excessive, tandis que deux amis se risquent à gouter des amandes ayant poussé dans la même zone…
Plaidoyer politique et philosophique habité par un désir de justice aussi évident que louable, Toxicily filme avec une justesse saisissante le poids de l’omerta et la difficulté des victimes à être entendues, invitant le spectateur à s’interroger sur le rôle de chacun afin de faire évoluer le monde dans le bon sens.
Alexandre Lebrac (culturopoing.com)