ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Palme d’Or du Festival de Cannes 1982, Missing (Porté disparu) ressort en salles le 26 octobre prochain, à l’initiative du distributeur Splendor Films. L’occasion de revoir cet excellent thriller de Costa-Gavras (Z, L’Aveu, Amen), dont la portée humaniste et politique conserve toute sa force. Le réalisateur, présent à la projection de Missing en copie numérique restaurée le 11 juin dernier, dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival, a expliqué que ce qui l’intéressait avant tout était la partie où le père apprend la disparition de son fils et part à sa recherche avec sa belle-fille. Jack Lemmon incarne remarquablement Ed Hormon, homme d’affaires bourgeois chrétien, qui vote pour Nixon puis Reagan. Il va peu à peu apprendre à accepter et aimer un fils qu’il a presque renié. Sa quête pour le retrouver se révèle à la fois prenante et bouleversante au fil des découvertes sur la vie de couple de son fils journaliste, expatrié à Santiago, Chili. Il va faire face à lui-même ; un père qui ignorait tout par désintérêt et désapprobation. Son fils démocrate est beaucoup plus courageux et moins bon à rien qu’il le pensait. Il prend aussi conscience des agissements pour le moins critiquables de son pays, lesquels nourrissent notamment les causes de la disparition de Charles. Ed se met alors à le juger autrement et n’a plus qu’un but : le retrouver. Premier film hollywoodien de Costa-Gavras, Missing dénonce une nouvelle fois les régimes militaires du monde entier, en dépeignant avec une grande justesse le contexte des relations entre les États-Unis et le Chili à l’époque du coup d’État de 1973. Le récit de Costa-Gavras et Donald E. Stewart, récompensé par l’Oscar du meilleur scénario adapté en 1983, est tiré d’une histoire vraie, basée sur le livre de Thomas Hauser. Ce dernier est l’avocat qui a couvert l’affaire de la disparition de ce journaliste, Charles Horman, impliquant de hauts fonctionnaires américains.
À sa sortie, Missing a essuyé une polémique ; la presse américaine a fortement critiqué le réalisateur pour avoir transformé la réalité grâce à un manque de preuves. Le film rend en effet responsable les services secrets américains du renversement du Président démocrate Salvador Allende, pour y instaurer un État militaire, dirigé par le général Augusto Pinochet. Et cite en particulier Nathaniel Davis, l’ambassadeur américain du Chili d’alors, impliqué dans l’affaire. Dans un style de réalisation parfois proche du documentaire, soutenu par le formidable travail du directeur de la photo Ricardo Aronovich (L’important c’est d’aimer), Missing décrit parfaitement cette situation de crise. Il rend également hommage aux victimes de ces évènements violents. La monteuse Françoise Bonnot, collaboratrice d’autres grands réalisateurs comme Henri Verneuil, Michael Cimino ou Roman Polanski, a su parfaitement agencer les plans de cette histoire familiale mêlant les souvenirs et le présent. À travers cette fresque politique engagée doublée d’un drame intimiste poignant, Costa-Gavras parle du rapport père-fils, notamment des choix des enfants qui ne correspondent pas forcément aux espoirs de leurs parents.
Le personnage de père, incarné par Jack Lemmon, devient de plus en plus empathique et révèle un grand comédien dramatique qui lui a justement valu le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. C’est après l’avoir vu incarner un rôle « sérieux » de façon formidable (dixit) dans Save the tiger (1974) de John G. Alvidsen, que Costa-Gavras a fait le choix d’engager l’acteur pour Missing. À ses côtés, Sissy Spacek (Carrie, La balade sauvage) se révèle tout aussi juste dans le rôle de Beth, la petite amie de Charles, qui adoucit ce beau-père en l’accompagnant dans sa recherche. C’est par son amour pour Charles (le très beau face à face explicatif dans la chambre d’hôtel) que Ed prend conscience de la valeur réelle de son fils. John Shea habite avec charisme ce jeune journaliste idéaliste et naïf au combat ambitieux et humaniste. Saluons enfin le célèbre et beau thème composé par Vangelis (Blade Runner) qui vêt cette quête rédemptrice paternelle. Si la polémique s’est envolée aujourd’hui, Missing demeure encore et toujours un grand drame politique plein d’émotion.
Thierry Carteret (Cinéchronicle)
Ciné classique
dimanche 15 janvier
2017 à 17h45
présenté par Catherine Pergoux-Baeza, maître de conférences à l'Université d'Angers
MISSING
de Costa-Gavras
avec Jack Lemmon, Sissy Spacek, John Shea
USA - 1982 - 2h02 - VOST - Palme d'or Cannes 1982
Charles, un journaliste américain, et sa compagne Beth, se sont installés dans la capitale du Chili, Santiago. Mais suite au coup d'État qui éclate le 11 septembre 1973, Charles disparaît brusquement. Son père, un important homme d'affaires new-yorkais, vient en aide à Beth pour tenter de le retrouver.
http://www.splendor-films.com/item/481-le-grand-thriller-politique-de-costa-gavras
A PROPOS
Palme d’Or du Festival de Cannes 1982, Missing (Porté disparu) ressort en salles le 26 octobre prochain, à l’initiative du distributeur Splendor Films. L’occasion de revoir cet excellent thriller de Costa-Gavras (Z, L’Aveu, Amen), dont la portée humaniste et politique conserve toute sa force. Le réalisateur, présent à la projection de Missing en copie numérique restaurée le 11 juin dernier, dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival, a expliqué que ce qui l’intéressait avant tout était la partie où le père apprend la disparition de son fils et part à sa recherche avec sa belle-fille. Jack Lemmon incarne remarquablement Ed Hormon, homme d’affaires bourgeois chrétien, qui vote pour Nixon puis Reagan. Il va peu à peu apprendre à accepter et aimer un fils qu’il a presque renié. Sa quête pour le retrouver se révèle à la fois prenante et bouleversante au fil des découvertes sur la vie de couple de son fils journaliste, expatrié à Santiago, Chili. Il va faire face à lui-même ; un père qui ignorait tout par désintérêt et désapprobation. Son fils démocrate est beaucoup plus courageux et moins bon à rien qu’il le pensait. Il prend aussi conscience des agissements pour le moins critiquables de son pays, lesquels nourrissent notamment les causes de la disparition de Charles. Ed se met alors à le juger autrement et n’a plus qu’un but : le retrouver. Premier film hollywoodien de Costa-Gavras, Missing dénonce une nouvelle fois les régimes militaires du monde entier, en dépeignant avec une grande justesse le contexte des relations entre les États-Unis et le Chili à l’époque du coup d’État de 1973. Le récit de Costa-Gavras et Donald E. Stewart, récompensé par l’Oscar du meilleur scénario adapté en 1983, est tiré d’une histoire vraie, basée sur le livre de Thomas Hauser. Ce dernier est l’avocat qui a couvert l’affaire de la disparition de ce journaliste, Charles Horman, impliquant de hauts fonctionnaires américains.
À sa sortie, Missing a essuyé une polémique ; la presse américaine a fortement critiqué le réalisateur pour avoir transformé la réalité grâce à un manque de preuves. Le film rend en effet responsable les services secrets américains du renversement du Président démocrate Salvador Allende, pour y instaurer un État militaire, dirigé par le général Augusto Pinochet. Et cite en particulier Nathaniel Davis, l’ambassadeur américain du Chili d’alors, impliqué dans l’affaire. Dans un style de réalisation parfois proche du documentaire, soutenu par le formidable travail du directeur de la photo Ricardo Aronovich (L’important c’est d’aimer), Missing décrit parfaitement cette situation de crise. Il rend également hommage aux victimes de ces évènements violents. La monteuse Françoise Bonnot, collaboratrice d’autres grands réalisateurs comme Henri Verneuil, Michael Cimino ou Roman Polanski, a su parfaitement agencer les plans de cette histoire familiale mêlant les souvenirs et le présent. À travers cette fresque politique engagée doublée d’un drame intimiste poignant, Costa-Gavras parle du rapport père-fils, notamment des choix des enfants qui ne correspondent pas forcément aux espoirs de leurs parents.
Le personnage de père, incarné par Jack Lemmon, devient de plus en plus empathique et révèle un grand comédien dramatique qui lui a justement valu le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. C’est après l’avoir vu incarner un rôle « sérieux » de façon formidable (dixit) dans Save the tiger (1974) de John G. Alvidsen, que Costa-Gavras a fait le choix d’engager l’acteur pour Missing. À ses côtés, Sissy Spacek (Carrie, La balade sauvage) se révèle tout aussi juste dans le rôle de Beth, la petite amie de Charles, qui adoucit ce beau-père en l’accompagnant dans sa recherche. C’est par son amour pour Charles (le très beau face à face explicatif dans la chambre d’hôtel) que Ed prend conscience de la valeur réelle de son fils. John Shea habite avec charisme ce jeune journaliste idéaliste et naïf au combat ambitieux et humaniste. Saluons enfin le célèbre et beau thème composé par Vangelis (Blade Runner) qui vêt cette quête rédemptrice paternelle. Si la polémique s’est envolée aujourd’hui, Missing demeure encore et toujours un grand drame politique plein d’émotion.
Thierry Carteret (Cinéchronicle)