ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Réconcilier l’irréconciliable… Réparer l’irréparable. Ils ont été attaqués, agressés, volés, et ils veulent en parler. Avec des détenus qui, eux-mêmes, ont commis ces méfaits sur d’autres gens qu’eux. Ils ne sont pas seuls, mais encadrés par deux animateurs entraînés à ces « rencontres », Fanny et Michel (Suliane Brahim et Jean-Pierre Darroussin) et deux bénévoles bienveillants (Anne Benoît et Pascal Sangla). Ils sont six (Miou Miou, Leïla Bekhti et Gilles Lellouche d’un côté ; Dali Benssalah, Birane Ba, Fred Testot, de l’autre) et font cercle dans une salle de la prison. La justice restaurative leur propose quinze heures de face-à-face à raison de trois heures sur cinq semaines. Et ils parlent et ils écoutent. En parallèle, dans le bureau d’une médiatrice (Élodie Bouchez), une jeune femme, Chloé (Adèle Exarchopoulos), demande à rencontrer son grand frère, qui vient de s’installer dans sa ville après avoir purgé une peine de prison à la suite de la plainte qu’elle avait déposée contre lui, adolescente.
Jeanne Herry, pour son troisième film après Elle l’adore et Pupille, observe à la loupe la façon dont la justice restaurative, organisée depuis 2014 en France en prolongement de la justice pénale, aide et répare non seulement des victimes, mais aussi des agresseurs. Très documenté, son scénario est habilement tissé ; il crée des îlots de fiction, où se déploie l’empathie et où règne l’émotion. Autant chez les personnages que chez les spectateurs. Ce n’était pas gagné sur le papier, mais on sait depuis le remarquable Pupille – qui basait déjà sa fiction sur un phénomène sociétal, l’adoption – la capacité de Jeanne Herry à circonscrire le réel sans jamais oublier d’en faire du cinéma.
C’est une affaire de mots et de regards, de parole qui devient action, dans des salles où des hommes et des femmes sont assis en rond. C’est une affaire de cinéma aussi : comment regarder ces êtres meurtris, figés, apeurés, en colère, en souffrance, en réaction, comment restituer les tréfonds de leur âme à travers ce qu’ils disent et aussi ce qu’ils ne disent pas ? En préparant au millimètre un tournage à plusieurs caméras et en s’entourant d’acteurs inventifs et bouleversants, qui viennent à bout de monologues à la puissance d’évocation bienfaitrice.
La justice restaurative a pour but de « libérer les émotions par la parole » et ce beau film choral est comme un baume, une consolation. Sans donner de leçon, mais en nous apprenant l’existence de cette justice, que peu de gens connaissent, il filme les visages comme des paysages et célèbre la force du collectif. Et la beauté des sentiments insoupçonnés qui affleurent quand on veut bien se donner la peine d’écouter l’autre.
Isabelle Danel (Bande à part)
Soirée Rencontre
jeudi 21 mars
2024 à 20h00
En présence de Benoît Giraud, Président du Tribunal judiciaire d’Angers et du Conseil Départemental d’Accès au Droit, Me Rairat, avocate et membre du Conseil de l’Ordre du Barreau d’Angers, et Mme Roger, Directrice pénitentiaire d’insertion et de probation.
Soirée organisée dans le cadre du "Festival du Film Judiciaire - 3e édition" en collaboration avec Cinéma Parlant et le CDAD 49
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES
de Jeanne Herry
avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti
FRANCE - 2023 - 1h58 - César 2024 Meilleure actrice dans un second rôle
Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d'infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel.
Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s'engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.
Sur leur parcours, il y a de la colère et de l'espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la con?ance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation.
https://www.studiocanal.fr/title/je-verrai-toujours-vos-visages-2023/
A PROPOS
Réconcilier l’irréconciliable… Réparer l’irréparable. Ils ont été attaqués, agressés, volés, et ils veulent en parler. Avec des détenus qui, eux-mêmes, ont commis ces méfaits sur d’autres gens qu’eux. Ils ne sont pas seuls, mais encadrés par deux animateurs entraînés à ces « rencontres », Fanny et Michel (Suliane Brahim et Jean-Pierre Darroussin) et deux bénévoles bienveillants (Anne Benoît et Pascal Sangla). Ils sont six (Miou Miou, Leïla Bekhti et Gilles Lellouche d’un côté ; Dali Benssalah, Birane Ba, Fred Testot, de l’autre) et font cercle dans une salle de la prison. La justice restaurative leur propose quinze heures de face-à-face à raison de trois heures sur cinq semaines. Et ils parlent et ils écoutent. En parallèle, dans le bureau d’une médiatrice (Élodie Bouchez), une jeune femme, Chloé (Adèle Exarchopoulos), demande à rencontrer son grand frère, qui vient de s’installer dans sa ville après avoir purgé une peine de prison à la suite de la plainte qu’elle avait déposée contre lui, adolescente.
Jeanne Herry, pour son troisième film après Elle l’adore et Pupille, observe à la loupe la façon dont la justice restaurative, organisée depuis 2014 en France en prolongement de la justice pénale, aide et répare non seulement des victimes, mais aussi des agresseurs. Très documenté, son scénario est habilement tissé ; il crée des îlots de fiction, où se déploie l’empathie et où règne l’émotion. Autant chez les personnages que chez les spectateurs. Ce n’était pas gagné sur le papier, mais on sait depuis le remarquable Pupille – qui basait déjà sa fiction sur un phénomène sociétal, l’adoption – la capacité de Jeanne Herry à circonscrire le réel sans jamais oublier d’en faire du cinéma.
C’est une affaire de mots et de regards, de parole qui devient action, dans des salles où des hommes et des femmes sont assis en rond. C’est une affaire de cinéma aussi : comment regarder ces êtres meurtris, figés, apeurés, en colère, en souffrance, en réaction, comment restituer les tréfonds de leur âme à travers ce qu’ils disent et aussi ce qu’ils ne disent pas ? En préparant au millimètre un tournage à plusieurs caméras et en s’entourant d’acteurs inventifs et bouleversants, qui viennent à bout de monologues à la puissance d’évocation bienfaitrice.
La justice restaurative a pour but de « libérer les émotions par la parole » et ce beau film choral est comme un baume, une consolation. Sans donner de leçon, mais en nous apprenant l’existence de cette justice, que peu de gens connaissent, il filme les visages comme des paysages et célèbre la force du collectif. Et la beauté des sentiments insoupçonnés qui affleurent quand on veut bien se donner la peine d’écouter l’autre.
Isabelle Danel (Bande à part)