ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
La première séquence est saisissante. Celle d’un petit groupe de moines et de pèlerins qui s’enfoncent dans la forêt. Ils ont le crâne rasé, et l’on apprend très vite que la tonte des cheveux constitue un acte quasi initiatique de dévotion à ce nouvel ordre spirituel qu’est le bouddhisme.
Peu de gens non avertis doivent connaître le petit village des Pruniers. Et pourtant, cette minuscule bourgade française est un haut lieu de la spiritualité bouddhiste dans le monde. En effet, il y a plus de cinquante ans, le Maître bouddhiste Thich Nhat Hanh fondait une Haute Ecole de Bouddhisme en Asie, mais du fait même de ses thèses antimilitaristes en pleine guerre du Vietnam, il était contraint de quitter son pays pour venir s’installer en France et créer ce temple de la spiritualité où les profanes et les moines du monde entier se réfugient pour trouver leur paix intérieure.
Le thème de ce documentaire a tout pour effrayer, à l’heure où nos sociétés modernes sont hantées par les risques fondamentalistes de toutes sortes. On est loin du portrait terrifiant d’un autre bouddhiste, le fameux Vénérable W que Barbet Schroeder avait admirablement sorti de l’ombre. On est même à l’inverse d’un tel monstre, puisqu’au contraire, les réalisateurs font délibérément le pari que la paix du monde doit trouver d’abord ses racines dans un effort individuel de chacun de parvenir à la pleine conscience de soi. Pour cela, les auteurs regardent autant les moines que les profanes s’engager dans cette vie de prière et de philosophie, où l’on doit renoncer à la possession et au désir sexuel. La force du documentaire vient du fait que jamais les réalisateurs ne provoquent la parole de leurs personnages. Ils se contentent de les regarder chanter, vivre, travailler, rire et même pleurer grâce à une caméra au plus près de leurs visages. Il n’y a jamais d’impudeur dans ce travail cinématographique. Les auteurs rendent à leurs personnages la responsabilité de leurs choix de vie, en leur offrant par l’intermédiaire de l’image un miroir de leur propre cheminement spirituel. On est même stupéfait de constater à quel point la caméra a réussi à se faire oublier dans cet univers tremblant et silencieux qu’est le Temple.
Le film est traversé par une symphonie de sons qui constituent des personnages à part entière. Il s’agit de cris d’oiseaux, de bruits de la nature, de pas d’insectes sur une table, d’objets du quotidien frottés sur une assiette ou une table. Il s’agit surtout de ces pendules qui scandent l’existence monacale et engagent les religieux à échapper à la routine et à se recentrer sur leur moi intérieur. Une autre voix, celle de l’acteur Benedict Cumberbatch, sombre et assurée, accompagne ce récit de versets a priori très simples, mais qu’il faut se répéter intérieurement pour en capter l’essence profonde. Devant cette multitude de sonorités qui rythment le silence de la méditation, le documentaire de Marc Francis et de Max Pugh se transforme en une véritable expérience de la sensualité.
Les documentaristes échappent avec justesse au risque du point de vue sectaire. La question de l’argent est abordée par les pèlerins qui assument devant la caméra de rémunérer leur séjour. Surtout, la deuxième partie du film est consacrée au voyage aux États-Unis d’une partie des moines du village des Pruniers. Toute leur humanité, leur projet d’une vie consacrée à la spiritualité, leur authenticité donnent tort à des esprits dévoyés qui voudraient les enfermer dans une errance sectaire.
Laurent Cambon (avoiralire.com)
Ciné doc
lundi 15 octobre
2018 à 20h00
SÉANCE COMPLÈTE
en présence de Thierry Maillet, président de l’Association « Sangha Angevine les Trois Rivières » et Solange Russo, trésorière de l’Association -membre de l’Ordre de l’Inter-être
VOYAGE EN PLEINE CONSCIENCE
de Marc Francis & Max Pugh
Documentaire
GRANDE BRETAGNE - 2018 - 1h34 - VOST
La pleine conscience, qui consiste à ramener son attention sur l’instant présent, est pratiquée à travers le monde. Pour la première fois, Max Pugh et Marc J. Francis capturent le quotidien et la philosophie de vie de la communauté du village des Pruniers situé dans le sud-ouest de la France. Ce voyage initiatique suit les pas du maître bouddhiste zen Thich Nhat Hanh et nous ouvre les portes de LA PLEINE CONSCIENCE.
https://www.facebook.com/voyageenpleineconscience/
A PROPOS
La première séquence est saisissante. Celle d’un petit groupe de moines et de pèlerins qui s’enfoncent dans la forêt. Ils ont le crâne rasé, et l’on apprend très vite que la tonte des cheveux constitue un acte quasi initiatique de dévotion à ce nouvel ordre spirituel qu’est le bouddhisme.
Peu de gens non avertis doivent connaître le petit village des Pruniers. Et pourtant, cette minuscule bourgade française est un haut lieu de la spiritualité bouddhiste dans le monde. En effet, il y a plus de cinquante ans, le Maître bouddhiste Thich Nhat Hanh fondait une Haute Ecole de Bouddhisme en Asie, mais du fait même de ses thèses antimilitaristes en pleine guerre du Vietnam, il était contraint de quitter son pays pour venir s’installer en France et créer ce temple de la spiritualité où les profanes et les moines du monde entier se réfugient pour trouver leur paix intérieure.
Le thème de ce documentaire a tout pour effrayer, à l’heure où nos sociétés modernes sont hantées par les risques fondamentalistes de toutes sortes. On est loin du portrait terrifiant d’un autre bouddhiste, le fameux Vénérable W que Barbet Schroeder avait admirablement sorti de l’ombre. On est même à l’inverse d’un tel monstre, puisqu’au contraire, les réalisateurs font délibérément le pari que la paix du monde doit trouver d’abord ses racines dans un effort individuel de chacun de parvenir à la pleine conscience de soi. Pour cela, les auteurs regardent autant les moines que les profanes s’engager dans cette vie de prière et de philosophie, où l’on doit renoncer à la possession et au désir sexuel. La force du documentaire vient du fait que jamais les réalisateurs ne provoquent la parole de leurs personnages. Ils se contentent de les regarder chanter, vivre, travailler, rire et même pleurer grâce à une caméra au plus près de leurs visages. Il n’y a jamais d’impudeur dans ce travail cinématographique. Les auteurs rendent à leurs personnages la responsabilité de leurs choix de vie, en leur offrant par l’intermédiaire de l’image un miroir de leur propre cheminement spirituel. On est même stupéfait de constater à quel point la caméra a réussi à se faire oublier dans cet univers tremblant et silencieux qu’est le Temple.
Le film est traversé par une symphonie de sons qui constituent des personnages à part entière. Il s’agit de cris d’oiseaux, de bruits de la nature, de pas d’insectes sur une table, d’objets du quotidien frottés sur une assiette ou une table. Il s’agit surtout de ces pendules qui scandent l’existence monacale et engagent les religieux à échapper à la routine et à se recentrer sur leur moi intérieur. Une autre voix, celle de l’acteur Benedict Cumberbatch, sombre et assurée, accompagne ce récit de versets a priori très simples, mais qu’il faut se répéter intérieurement pour en capter l’essence profonde. Devant cette multitude de sonorités qui rythment le silence de la méditation, le documentaire de Marc Francis et de Max Pugh se transforme en une véritable expérience de la sensualité.
Les documentaristes échappent avec justesse au risque du point de vue sectaire. La question de l’argent est abordée par les pèlerins qui assument devant la caméra de rémunérer leur séjour. Surtout, la deuxième partie du film est consacrée au voyage aux États-Unis d’une partie des moines du village des Pruniers. Toute leur humanité, leur projet d’une vie consacrée à la spiritualité, leur authenticité donnent tort à des esprits dévoyés qui voudraient les enfermer dans une errance sectaire.
Laurent Cambon (avoiralire.com)