ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
![LES DOCTEURS DE NIETZSCHE - Jorge Leandro Colas](/photos/evenements/les_docteurs_de_nietzsche_carre.jpg)
A PROPOS
Comment aider un patient à s’aider lui-même ? Un documentaire original sur un médecin de Buenos Aires qui, en s’inspirant de Nietzsche, donne des clés à ses patients pour regarder leur maladie avec lucidité et participer à leur guérison.
Après État limite, de Nicolas Peduzzi, un nouveau documentaire sur un médecin d’hôpital, cette fois en Argentine. Dans Les Docteurs de Nietzsche, Jorge Leandro Colas s’intéresse à un généraliste de l’Hospital Italiano de Buenos Aires, nommé Esteban Rubinstein.
Rien à voir avec un documentaire social. Rubinstein n’est pas un praticien débordé qui semble vivre dans le stress. Il se pose pourtant beaucoup de questions sur son métier, sur son éthique, sur ses rapports avec les patients, sur ce qu’ils attendent de lui et sur ce qu’il peut attendre d’eux. Passionnant film qui s’intéresse à la part de la psychologie dans le traitement d’une maladie.
On assiste aux entretiens de Rubinstein avec trois patients fort différents : Paco, hémiplégique après un accident d’auto ; Valeria, atteinte d’un lymphome ; et Julio, plus âgé, dont la pathologie un peu floue est liée à sa tabagie. Esteban les reçoit chacun en tête à tête, à intervalles réguliers, sans réellement procéder à des examens physiques (en dehors d’une prise de tension de Paco, anxieux, et d’une auscultation rapide de Julio).
L’essentiel, ce sont leurs entretiens, où, à travers ses propos, le médecin met l’accent sur le rôle du patient dans l’évolution et dans la perception de sa maladie. Tout en cernant l’importance de la psychologie dans les tourments des malades, et en questionnant le principe de causalité (« je suis malade à cause de… »), Rubinstein tente d’établir avec eux une relation détachée.
Sa posture, qui vise à éviter le rapport de dépendance entre patient et médecin, lui a été suggérée par la lecture de Nietzsche. Un point de vue « par-delà le bien et le mal » (comme dirait le philosophe allemand) qu’Esteban expose lors de réunions avec ses collègues.
Au bout du compte, ce qui frappe ici, c’est avant tout la disponibilité rare du praticien, qui ajoute aux soins classiques un volet proche de la psychothérapie. Une sorte de maïeutique, au sens socratien, aux antipodes des routines classiques des membres du corps médical, souvent peu enclins à la discussion.
On peut donc simplement considérer cette œuvre comme un exemple idéal de dialogue entre patient et médecin, où la distance « doctorale » serait abolie. Évidemment, sur le strict plan documentaire, on peut demeurer frustré par la simplicité visuelle du film. On ne voit quasiment rien de l’activité de l’établissement hospitalier, réduit au bureau d’Esteban, à quelques couloirs vides et à une salle de réunion.
Quelques intermèdes, par exemple ceux où Esteban danse au ralenti, ainsi que Valeria et Paco sur son fauteuil roulant, ont sans doute une fonction esthétique, mais restent artificiels et superfétatoires dans le contexte. Pourtant, cela reste un détail, qui n’altère en rien la façon directe et lumineuse dont Jorge Colas met en valeur les géniales intuitions de ce médecin, qui fait voler en éclats la paroi de verre entre sachants et souffrants.
Vincent Ostria (l'humanité)
Ciné découverte
dimanche 9 mars
à 11h00
Tarif unique : 5.70€
Séance organisée en collaboration avec Cinéma Parlant dans le cadre de la semaine de cinéma de langue espagnole
LES DOCTEURS DE NIETZSCHE
de Jorge Leandro Colas
Documentaire
ARGENTINE - 2023 - 1h19 - VOST
À l'Hôpital Italiano de Buenos Aires, le Dr. Esteban Rubinstein aborde la médecine générale sous un angle extra-moral. S'inspirant des travaux philosophiques de Friedrich Nietzsche, il crée dans son bureau un espace de réflexion avec ses patients sur le corps, la santé et la maladie. Ensemble, ils cherchent à mettre de côté certaines valeurs préétablies en médecine comme le normal, le naturel, le bien et le mal.
https://vraivrai-films.fr/catalogue/les_docteurs_de_nietzsche_fr
A PROPOS
Comment aider un patient à s’aider lui-même ? Un documentaire original sur un médecin de Buenos Aires qui, en s’inspirant de Nietzsche, donne des clés à ses patients pour regarder leur maladie avec lucidité et participer à leur guérison.
Après État limite, de Nicolas Peduzzi, un nouveau documentaire sur un médecin d’hôpital, cette fois en Argentine. Dans Les Docteurs de Nietzsche, Jorge Leandro Colas s’intéresse à un généraliste de l’Hospital Italiano de Buenos Aires, nommé Esteban Rubinstein.
Rien à voir avec un documentaire social. Rubinstein n’est pas un praticien débordé qui semble vivre dans le stress. Il se pose pourtant beaucoup de questions sur son métier, sur son éthique, sur ses rapports avec les patients, sur ce qu’ils attendent de lui et sur ce qu’il peut attendre d’eux. Passionnant film qui s’intéresse à la part de la psychologie dans le traitement d’une maladie.
On assiste aux entretiens de Rubinstein avec trois patients fort différents : Paco, hémiplégique après un accident d’auto ; Valeria, atteinte d’un lymphome ; et Julio, plus âgé, dont la pathologie un peu floue est liée à sa tabagie. Esteban les reçoit chacun en tête à tête, à intervalles réguliers, sans réellement procéder à des examens physiques (en dehors d’une prise de tension de Paco, anxieux, et d’une auscultation rapide de Julio).
L’essentiel, ce sont leurs entretiens, où, à travers ses propos, le médecin met l’accent sur le rôle du patient dans l’évolution et dans la perception de sa maladie. Tout en cernant l’importance de la psychologie dans les tourments des malades, et en questionnant le principe de causalité (« je suis malade à cause de… »), Rubinstein tente d’établir avec eux une relation détachée.
Sa posture, qui vise à éviter le rapport de dépendance entre patient et médecin, lui a été suggérée par la lecture de Nietzsche. Un point de vue « par-delà le bien et le mal » (comme dirait le philosophe allemand) qu’Esteban expose lors de réunions avec ses collègues.
Au bout du compte, ce qui frappe ici, c’est avant tout la disponibilité rare du praticien, qui ajoute aux soins classiques un volet proche de la psychothérapie. Une sorte de maïeutique, au sens socratien, aux antipodes des routines classiques des membres du corps médical, souvent peu enclins à la discussion.
On peut donc simplement considérer cette œuvre comme un exemple idéal de dialogue entre patient et médecin, où la distance « doctorale » serait abolie. Évidemment, sur le strict plan documentaire, on peut demeurer frustré par la simplicité visuelle du film. On ne voit quasiment rien de l’activité de l’établissement hospitalier, réduit au bureau d’Esteban, à quelques couloirs vides et à une salle de réunion.
Quelques intermèdes, par exemple ceux où Esteban danse au ralenti, ainsi que Valeria et Paco sur son fauteuil roulant, ont sans doute une fonction esthétique, mais restent artificiels et superfétatoires dans le contexte. Pourtant, cela reste un détail, qui n’altère en rien la façon directe et lumineuse dont Jorge Colas met en valeur les géniales intuitions de ce médecin, qui fait voler en éclats la paroi de verre entre sachants et souffrants.
Vincent Ostria (l'humanité)