ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
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A PROPOS
L’importance de la parole libérée est au cœur du nouveau film, toujours politique, de Michel Leclerc ("Le Nom des Gens"). Mais "Le Mélange des Genres" tente aussi d’embrasser nombre de sujets adjacents, des problèmes de garde des enfants à la possibilité du mensonge intéressé, en passant par l’introspection nécessaire des comportements masculins, l’impact dévastateur des actions militantes individualisées, ou encore les évolutions en cours face aux plaintes côté forces de l’ordre. Immensément riche, le scénario coécrit avec Baya Kasmi flirte régulièrement avec le politiquement incorrect, préférant la démonstration aux discours, pour mieux réinterroger un nécessaire équilibre, la libération de la parole ne devant pas déboucher sur un lynchage public.
En cela, intelligemment au delà des nombreux personnages féminins, c’est finalement celui d’un homme particulièrement sensible et inoffensif, qui devient le réceptacle de tous ces questionnements, subissant plus qu’étant acteur de son destin, tout en ne manquant aucune occasion de s’interroger sur son propre comportement. Et le jury du Festival de l’Alpe d’Huez ne s’y est pas trompé en décernant à Benjamin Lavernhe, qui incarne avec douceur et fatalisme, ce personnage d’acteur courant de petit cachet en rôle ingrat (il est modèle pour message médical sur boîtes de cigarettes et apparaît 2 minutes en livreur dans la pièce à succès que joue sa femme, Charlotte) tout en s’occupant de ses deux enfants.
Le casting est particulièrement bien composé, avec ce qu’il faut de folie pour Melha Bedia, en nouvelle membre trop zélée (Sofia), avec l’attitude faussement inquisitrice de Judith Chemla (Marianne), la droiture suspicieuse d’une Léa Drucker progressivement ébranlée dans son rôle (Simone), la compréhension rassurante de Julia Piaton (Charlotte), ou la détermination excédée de l'interprète de la femme violée devenue meurtrière par nécessité. Quant à la mise en scène de Michel Leclerc, elle se permet des apparitions bienvenues, parfois décalées mais toujours à propos (Vincent Delerme, Virginie Despentes...) tout en offrant quelques surprenants moments oniriques. Sans doute le moment est-il venu pour les hommes de devenir « doux », à l’image de ce film qui gratte là où ça fait mal, amuse par ses répliques ou situations, sans jamais oublier le sérieux des sujets abordés.
Olivier Bachelard (abusdecine.com)
Avant première / Rencontre
mardi 4 mars
à 20h00
En présence de Michel Leclerc, réalisateur
Soirée organisée en collaboration avec Cinéma Parlant
LE MÉLANGE DES GENRES
de Michel Leclerc
avec Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Melha Bedia
FRANCE - 2025 - 1h43 - Festival de l'Alpe d'Huez - 2025 - Prix d'interprétation masculine pour Benjamin Lavernhe
Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe, les « Hardies ». Elle enquête sur les militantes qu’elle soupçonne de complicité dans le meurtre d’un mari violent. A leur contact, Simone s’ouvre progressivement aux idées féministes. Seulement voilà, sa couverture est mince. Et les « Hardies », devinant qu’il y a une taupe parmi elles, se mettent à la soupçonner. Pour détourner l’attention et se sortir de ce mauvais pas, Simone ne trouve rien de mieux que d’accuser au hasard un homme de l’avoir agressée sexuellement. Or, Paul, cet homme qu’elle accuse, un comédien raté qui vit dans l’ombre de sa femme, est le plus doux et le plus inoffensif des hommes. Simone, catastrophée de ce qu’elle a fait, tente de réparer sa faute, mais c’est trop tard : l’accusation devient publique et Paul une cible du collectif.
https://le-pacte.com/france/film/le-melange-des-genres
A PROPOS
L’importance de la parole libérée est au cœur du nouveau film, toujours politique, de Michel Leclerc ("Le Nom des Gens"). Mais "Le Mélange des Genres" tente aussi d’embrasser nombre de sujets adjacents, des problèmes de garde des enfants à la possibilité du mensonge intéressé, en passant par l’introspection nécessaire des comportements masculins, l’impact dévastateur des actions militantes individualisées, ou encore les évolutions en cours face aux plaintes côté forces de l’ordre. Immensément riche, le scénario coécrit avec Baya Kasmi flirte régulièrement avec le politiquement incorrect, préférant la démonstration aux discours, pour mieux réinterroger un nécessaire équilibre, la libération de la parole ne devant pas déboucher sur un lynchage public.
En cela, intelligemment au delà des nombreux personnages féminins, c’est finalement celui d’un homme particulièrement sensible et inoffensif, qui devient le réceptacle de tous ces questionnements, subissant plus qu’étant acteur de son destin, tout en ne manquant aucune occasion de s’interroger sur son propre comportement. Et le jury du Festival de l’Alpe d’Huez ne s’y est pas trompé en décernant à Benjamin Lavernhe, qui incarne avec douceur et fatalisme, ce personnage d’acteur courant de petit cachet en rôle ingrat (il est modèle pour message médical sur boîtes de cigarettes et apparaît 2 minutes en livreur dans la pièce à succès que joue sa femme, Charlotte) tout en s’occupant de ses deux enfants.
Le casting est particulièrement bien composé, avec ce qu’il faut de folie pour Melha Bedia, en nouvelle membre trop zélée (Sofia), avec l’attitude faussement inquisitrice de Judith Chemla (Marianne), la droiture suspicieuse d’une Léa Drucker progressivement ébranlée dans son rôle (Simone), la compréhension rassurante de Julia Piaton (Charlotte), ou la détermination excédée de l'interprète de la femme violée devenue meurtrière par nécessité. Quant à la mise en scène de Michel Leclerc, elle se permet des apparitions bienvenues, parfois décalées mais toujours à propos (Vincent Delerme, Virginie Despentes...) tout en offrant quelques surprenants moments oniriques. Sans doute le moment est-il venu pour les hommes de devenir « doux », à l’image de ce film qui gratte là où ça fait mal, amuse par ses répliques ou situations, sans jamais oublier le sérieux des sujets abordés.
Olivier Bachelard (abusdecine.com)