ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Librement adapté d’un roman de François Boyer intitulé Les jeux inconnus, le film Jeux interdits a été réalisé en deux temps. Effectivement, il devait initialement être un segment d’un film en trois parties d’une durée de 50 minutes chacune. Lorsque le projet est finalement tombé à l’eau, les cinquante premières minutes de ce qui allait devenir Jeux interdits étaient déjà en boîte. Plutôt que de laisser moisir dans un tiroir ces bobines que tout le monde trouvait formidables, il fut décidé de faire revenir l’intégralité de l’équipe afin de donner au moyen-métrage une durée exploitable en salle. Un épisode qui montre l’incroyable talent de tous les intervenants puisque le résultat final ne donne à aucun moment l’impression de jouer la montre. On doit bien entendu ce petit miracle au talent des scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost, qui ont ensuite été décriés par les jeunes loups de la nouvelle vague, mais dont le nom est associé à un nombre conséquent de très beaux films de l’après-guerre, certes estampillés Qualité française, mais d’excellente tenue.
Il faut ensuite rendre hommage au regard plein de tendresse – et non dénué d’une profonde tristesse – d’un René Clément que l’on a rarement connu aussi expansif dans l’expression des sentiments. Si le réalisateur retrouve la puissance de sa Bataille du rail dans une introduction guerrière qui tétanise le spectateur par sa violence psychologique (on a rarement aussi bien filmé la débandade de l’Exode de 1940), il sait également s’immiscer au cœur de l’enfance, sans jamais faire preuve de malhonnêteté et surtout sans interpréter des gestes qui restent toujours à hauteur d’enfants. Lui qui sortait tout juste d’un Château de verre (1950) empesé et théâtral, œuvre totalement pétrifiée dans la gangue d’un classicisme insupportable, il semble totalement retrouver le goût de filmer à travers cette simple histoire de deux gamins confrontés aux horreurs de la guerre.
Il faut dire qu’il est aidé ici par un casting qui tient du pur miracle : le couple Brigitte Fossey – Poujouly est d’une totale évidence devant la caméra, à tel point qu’on a souvent l’impression de voir naître sous nos yeux une bouleversante histoire d’amour platonique. Mais les deux enfants ne doivent pas faire oublier les contributions majeures de l’ensemble des comédiens – du formidable Lucien Hubert en père Dollé en passant par Jacques Marin en fils blessé par un cheval, sans oublier bien entendu la fraîche Laurence Badie, la truculente Suzanne Courtal ou encore le benêt Marcel Mérovée. Enfin, il ne faut pas négliger l’apport considérable d’une bande-son magique, épousant à la perfection le ton du film. Si le crédit en revient à son interprète Narciso Yepes, il ne faut pas oublier que le guitariste joue ici des airs traditionnels espagnols, composés depuis plusieurs siècles.
Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Lion d’or à Venise en 1952, Grand Prix Indépendant à Cannes, Oscar du meilleur film étranger en 1953), Jeux interdits fut également un triomphe commercial puisqu’il a attiré plus de 4,9 millions de spectateurs en 1952, trônant ainsi à la septième marche du podium de l’année en France. Une belle récompense pour une œuvre qui demeure encore de nos jours un pur chef d’œuvre.
Virgile Dumez (aVoiraLire.com)
Soirée rencontre
lundi 14 décembre
2015 à 20h15
en présence de Eric Pierre, maître de conférence en histoire contemporaine, Université d’Angers, UMR CERHIO programme EnJeu[x] Enfance et Jeunesse.
Soirée organisée en collaboration avec les Archives départementales de Maine-et-Loire dans le cadre de l’exposition "L’enfance en Anjou"
JEUX INTERDITS
de René Clément
avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly, Lucien Hubert
FRANCE - 1952 - 1h25 - Lion d'Or Venise 1952
Les parents de la petite Paulette sont tués lors des bombardements de juin 1940, dans le centre de la France. La fillette de cinq ans est recueillie par les Dollé, une famille de paysans. Elle devient l'amie de leur jeune fils de onze ans, Michel. Après avoir enterré le chien de Paulette dans un vieux moulin abandonné, les deux enfants constituent peu à peu un véritable cimetière pour insectes et petits animaux. Les problèmes commencent lorsque Michel se met à voler des croix pour en orner les tombes du cimetière miniature.
http://www.sddistribution.fr/fiche.php?id=103
A PROPOS
Librement adapté d’un roman de François Boyer intitulé Les jeux inconnus, le film Jeux interdits a été réalisé en deux temps. Effectivement, il devait initialement être un segment d’un film en trois parties d’une durée de 50 minutes chacune. Lorsque le projet est finalement tombé à l’eau, les cinquante premières minutes de ce qui allait devenir Jeux interdits étaient déjà en boîte. Plutôt que de laisser moisir dans un tiroir ces bobines que tout le monde trouvait formidables, il fut décidé de faire revenir l’intégralité de l’équipe afin de donner au moyen-métrage une durée exploitable en salle. Un épisode qui montre l’incroyable talent de tous les intervenants puisque le résultat final ne donne à aucun moment l’impression de jouer la montre. On doit bien entendu ce petit miracle au talent des scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost, qui ont ensuite été décriés par les jeunes loups de la nouvelle vague, mais dont le nom est associé à un nombre conséquent de très beaux films de l’après-guerre, certes estampillés Qualité française, mais d’excellente tenue.
Il faut ensuite rendre hommage au regard plein de tendresse – et non dénué d’une profonde tristesse – d’un René Clément que l’on a rarement connu aussi expansif dans l’expression des sentiments. Si le réalisateur retrouve la puissance de sa Bataille du rail dans une introduction guerrière qui tétanise le spectateur par sa violence psychologique (on a rarement aussi bien filmé la débandade de l’Exode de 1940), il sait également s’immiscer au cœur de l’enfance, sans jamais faire preuve de malhonnêteté et surtout sans interpréter des gestes qui restent toujours à hauteur d’enfants. Lui qui sortait tout juste d’un Château de verre (1950) empesé et théâtral, œuvre totalement pétrifiée dans la gangue d’un classicisme insupportable, il semble totalement retrouver le goût de filmer à travers cette simple histoire de deux gamins confrontés aux horreurs de la guerre.
Il faut dire qu’il est aidé ici par un casting qui tient du pur miracle : le couple Brigitte Fossey – Poujouly est d’une totale évidence devant la caméra, à tel point qu’on a souvent l’impression de voir naître sous nos yeux une bouleversante histoire d’amour platonique. Mais les deux enfants ne doivent pas faire oublier les contributions majeures de l’ensemble des comédiens – du formidable Lucien Hubert en père Dollé en passant par Jacques Marin en fils blessé par un cheval, sans oublier bien entendu la fraîche Laurence Badie, la truculente Suzanne Courtal ou encore le benêt Marcel Mérovée. Enfin, il ne faut pas négliger l’apport considérable d’une bande-son magique, épousant à la perfection le ton du film. Si le crédit en revient à son interprète Narciso Yepes, il ne faut pas oublier que le guitariste joue ici des airs traditionnels espagnols, composés depuis plusieurs siècles.
Récompensé par de nombreux prix prestigieux (Lion d’or à Venise en 1952, Grand Prix Indépendant à Cannes, Oscar du meilleur film étranger en 1953), Jeux interdits fut également un triomphe commercial puisqu’il a attiré plus de 4,9 millions de spectateurs en 1952, trônant ainsi à la septième marche du podium de l’année en France. Une belle récompense pour une œuvre qui demeure encore de nos jours un pur chef d’œuvre.
Virgile Dumez (aVoiraLire.com)