ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Si Boy A avec son sujet difficile n'apporte pas de nouvelles eaux aux moulins du déterminisme à l'anglaise, il se révèle beaucoup plus convaincant dans l'étude sensible de son personnage - dont on n'est pas prêt d'oublier l'acteur, Andrew Garfield.Le pessimisme anglais n'est plus à prouver, il a déjà fait le lit de son réalisme social dont Ken Loach demeure encore la figure incontournable. Et il revient, toujours et encore, par la petite ou la grande porte, difficile de s'en départir. Boy A du méconnu John Crowley, ne déroge pas à ce qui semble une fatalité propre au cinéma britannique : Jack sort de prison, condamné alors qu'il était à peine adolescent pour avoir tué une jeune fille de son âge avec un ami. Avec l'aide de son tuteur (Peter Mullan), il tente de refaire sa vie : nouvelle identité, job, amis, copine et premier amour, ceci dans le secret le plus absolu et pesant, car la société ne lui pardonnera jamais son crime. Difficile de mériter alors sa seconde chance quand le monde vous imagine en incarnation du diable. Un programme que Crowley déplie maladroitement mais non sans quelques fulgurances méritant qu'on s'y arrête. Si le récit, binaire et facile, laisse transparaître ses failles scénaristiques : tout est construit sur le principe du avant/après, causes et conséquences, à renfort de flash back, Crowley dépasse son raisonnement déterministe et fastidieux lorsqu'il épouse avec finesse les mouvements complexes de son personnage. Il y a d'abord une découverte, Andrew Garfield (Jack), qui donne une vérité nourrie d'une belle ambiguïté à ce héros condamné à une solitude ineffable. Crowley en fait une figure frêle et mélancolique, un corps maladroit en exil du chaos, forcé de se réhabituer à vivre, découvrant le monde avec un regard naïf proche de l'enfant. Contrecarrant les faiblesses du scénario, Boy A filme avec une sensibilité à fleur de peau ce personnage aux allures de damné, jouant de resserrements quasi tactiles sur ses gestes ou révélations dans des scènes où l'acteur emporte tout. Une grâce tragique et mêlée se dégage de ces moments où Jack tisse des liens avec ses proches, plus encore lorsqu'il part à la découverte des sentiments et du corps de l'autre. Il y a alors comme un paradoxe entre l'articulation schématique de l'intrigue, et ces instants où la mise en scène, subtile et parfois proche de l'abstraction (ces jeux sur les arrières plans vidés), capte l'infinie tristesse d'un être en (re)construction. Les brefs moments de bonheur, hélas rattrapés par un fatalisme cherchant à faire débat, n'en demeurent pas moins éblouissant par leur pureté gommant un instant les horreurs du passé. Ce qui inversement prouve aussi que malgré son pessimisme, Boy A montre un autre chemin possible.
Fluctuat (Jérôme Dittmar)
Soirée rencontre
jeudi 23 avril
2015 à 20h15
en présence de Yannick Royer, directeur pénitentiaire d'insertion et probation, Jean-Christophe Justeau, conseiller pénitentiaire d'insertion et probation et Dominique Thomas, psychologue et expert judiciaire.
Soirée organisée en collaboration avec avec GENEPI Angers dans le cadre du Printemps des prisons
Le printemps des prisons permet de mobiliser les bénévoles de
l'association et les citoyens sur la question du milieu carcéral.
Les 40 bénévoles du groupe angevin travaillent depuis le début de
l'année à l'organisation de plusieurs évènements en avril afin de sensibiliser les personnes présentes aux
conditions carcérales et plus largement: "Puisque la prison est une zone d'ombre, nous nous efforçons de la
rendre visible »
BOY A
de John Crowley
avec Andrew Garfield, Peter Mullan, Siobhan Finneran
GRANDE BRETAGNE - 2007 - 1h40 - version originale sous titrée
A 24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu'il a commis lorsqu'il était enfant. Dès sa libération, Terry, assistant social, l'emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d'Angleterre qu'il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir. Mais si l'anonymat est un répit, il est aussi une douloureuse contrainte puisque Jack ne peut révéler à ses nouveaux collègues ou amis, et à la fille dont il tombe amoureux, la vraie nature de son passé. Jusqu'au jour où, par hasard, Jack devient un héros local et que sa photo apparaît à la une des quotidiens..
A PROPOS
Si Boy A avec son sujet difficile n'apporte pas de nouvelles eaux aux moulins du déterminisme à l'anglaise, il se révèle beaucoup plus convaincant dans l'étude sensible de son personnage - dont on n'est pas prêt d'oublier l'acteur, Andrew Garfield.Le pessimisme anglais n'est plus à prouver, il a déjà fait le lit de son réalisme social dont Ken Loach demeure encore la figure incontournable. Et il revient, toujours et encore, par la petite ou la grande porte, difficile de s'en départir. Boy A du méconnu John Crowley, ne déroge pas à ce qui semble une fatalité propre au cinéma britannique : Jack sort de prison, condamné alors qu'il était à peine adolescent pour avoir tué une jeune fille de son âge avec un ami. Avec l'aide de son tuteur (Peter Mullan), il tente de refaire sa vie : nouvelle identité, job, amis, copine et premier amour, ceci dans le secret le plus absolu et pesant, car la société ne lui pardonnera jamais son crime. Difficile de mériter alors sa seconde chance quand le monde vous imagine en incarnation du diable. Un programme que Crowley déplie maladroitement mais non sans quelques fulgurances méritant qu'on s'y arrête. Si le récit, binaire et facile, laisse transparaître ses failles scénaristiques : tout est construit sur le principe du avant/après, causes et conséquences, à renfort de flash back, Crowley dépasse son raisonnement déterministe et fastidieux lorsqu'il épouse avec finesse les mouvements complexes de son personnage. Il y a d'abord une découverte, Andrew Garfield (Jack), qui donne une vérité nourrie d'une belle ambiguïté à ce héros condamné à une solitude ineffable. Crowley en fait une figure frêle et mélancolique, un corps maladroit en exil du chaos, forcé de se réhabituer à vivre, découvrant le monde avec un regard naïf proche de l'enfant. Contrecarrant les faiblesses du scénario, Boy A filme avec une sensibilité à fleur de peau ce personnage aux allures de damné, jouant de resserrements quasi tactiles sur ses gestes ou révélations dans des scènes où l'acteur emporte tout. Une grâce tragique et mêlée se dégage de ces moments où Jack tisse des liens avec ses proches, plus encore lorsqu'il part à la découverte des sentiments et du corps de l'autre. Il y a alors comme un paradoxe entre l'articulation schématique de l'intrigue, et ces instants où la mise en scène, subtile et parfois proche de l'abstraction (ces jeux sur les arrières plans vidés), capte l'infinie tristesse d'un être en (re)construction. Les brefs moments de bonheur, hélas rattrapés par un fatalisme cherchant à faire débat, n'en demeurent pas moins éblouissant par leur pureté gommant un instant les horreurs du passé. Ce qui inversement prouve aussi que malgré son pessimisme, Boy A montre un autre chemin possible.
Fluctuat (Jérôme Dittmar)