ÉVÉNEMENTS ET SÉANCES SPECIALES
A PROPOS
Après le triomphe rencontré par son Bonnie and Clyde (1967), le cinéaste Arthur Penn peut s’attaquer à n’importe quel projet porteur. Il choisit donc de revenir au genre qui l’a fait connaître du grand public et des critiques, à savoir le western (son premier film Le gaucher était déjà une relecture personnelle de la mythologie de l’Ouest). Encouragé par les détournements audacieux des Italiens, Penn signe un des modèles du néo-western en s’acharnant à déboulonner un à un tous les clichés et idées reçues sur cette période. A la manière d’un Candide, son « héros » traverse toute l’histoire de la conquête de l’Ouest par les Américains blancs au détriment des Peaux Rouges. Lors d’une première heure souvent hilarante, les scénaristes tournent en dérision le machisme des pistoleros, l’imbécilité chronique d’une population ignare et l’hypocrisie de la société bourgeoise et chrétienne (Faye Dunaway nous offre un grand moment de cinéma dans le rôle d’une Mrs Robinson obsédée par le péché de chair). Enfin, avec beaucoup de clairvoyance, les auteurs stigmatisent aussi bien la brutalité de certaines pratiques indiennes que les exactions des Blancs.
La deuxième heure, bien que toujours décalée dans sa façon de décrire les mœurs du 19ème siècle, se fait plus grave et donne lieu à des séquences chocs que l’on n’est pas prêt d’oublier. De l’extermination radicale et massive du village indien par des soldats fanatisés jusqu’à la sanglante bataille de Little Big Horn, le cinéaste nous prouve à maintes reprises son immense talent de conteur et de faiseur d’images. Peu à peu, l’ombre de la mort et de la désolation plane tandis que la neige se tache inexorablement de sang. D’un pessimisme rare, le métrage s’achève sur le visage de ce centenaire se tenant la tête entre les mains, fatigué de la vie et dégoûté des hommes.
Porté par l’interprétation magistrale de Dustin Hoffman et de Richard Mulligan (qui compose un Custer aux antipodes de celui incarné autrefois par Errol Flynn dans [La charge fantastique de Raoul Walsh), Little big man souffre parfois de quelques erreurs de montage, mais balaie en quelques séquences cultes nos réticences. Il s’impose comme une relecture profondément originale des grands mythes de l’Ouest, à une époque où l’Amérique doutait de plus en plus de ses principes fondateurs (le parallèle entre l’extermination des Indiens et celle des Vietnamiens était sans doute dans l’esprit du metteur en scène). Malgré son aspect iconoclaste, ce petit bijou a remporté un gros succès à sa sortie, ce qui n’est que justice.
Virgile Dumez (avoiralire.com)
Plans Cultes
lundi 14 mars
2016 à 20h15
LITTLE BIG MAN
de Arthur Penn
Avec Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Martin Balsam
USA - 1970 - 2h19 - Version originale sous-titrée
Âgé de 121 ans, Jack Crabb, seul survivant du massacre de Little Big Horn, raconte son histoire à un journaliste. Adopté par une famille de Cheyennes, ce visage pâle est surnommé Little Big Man à cause de son immense courage. Un jour, toute sa tribu est massacrée par les Blancs et Jack est alors recueilli par un pasteur et sa femme. Mais le jeune homme est partagé entre ses origines indiennes et son nouveau peuple..
A PROPOS
Après le triomphe rencontré par son Bonnie and Clyde (1967), le cinéaste Arthur Penn peut s’attaquer à n’importe quel projet porteur. Il choisit donc de revenir au genre qui l’a fait connaître du grand public et des critiques, à savoir le western (son premier film Le gaucher était déjà une relecture personnelle de la mythologie de l’Ouest). Encouragé par les détournements audacieux des Italiens, Penn signe un des modèles du néo-western en s’acharnant à déboulonner un à un tous les clichés et idées reçues sur cette période. A la manière d’un Candide, son « héros » traverse toute l’histoire de la conquête de l’Ouest par les Américains blancs au détriment des Peaux Rouges. Lors d’une première heure souvent hilarante, les scénaristes tournent en dérision le machisme des pistoleros, l’imbécilité chronique d’une population ignare et l’hypocrisie de la société bourgeoise et chrétienne (Faye Dunaway nous offre un grand moment de cinéma dans le rôle d’une Mrs Robinson obsédée par le péché de chair). Enfin, avec beaucoup de clairvoyance, les auteurs stigmatisent aussi bien la brutalité de certaines pratiques indiennes que les exactions des Blancs.
La deuxième heure, bien que toujours décalée dans sa façon de décrire les mœurs du 19ème siècle, se fait plus grave et donne lieu à des séquences chocs que l’on n’est pas prêt d’oublier. De l’extermination radicale et massive du village indien par des soldats fanatisés jusqu’à la sanglante bataille de Little Big Horn, le cinéaste nous prouve à maintes reprises son immense talent de conteur et de faiseur d’images. Peu à peu, l’ombre de la mort et de la désolation plane tandis que la neige se tache inexorablement de sang. D’un pessimisme rare, le métrage s’achève sur le visage de ce centenaire se tenant la tête entre les mains, fatigué de la vie et dégoûté des hommes.
Porté par l’interprétation magistrale de Dustin Hoffman et de Richard Mulligan (qui compose un Custer aux antipodes de celui incarné autrefois par Errol Flynn dans [La charge fantastique de Raoul Walsh), Little big man souffre parfois de quelques erreurs de montage, mais balaie en quelques séquences cultes nos réticences. Il s’impose comme une relecture profondément originale des grands mythes de l’Ouest, à une époque où l’Amérique doutait de plus en plus de ses principes fondateurs (le parallèle entre l’extermination des Indiens et celle des Vietnamiens était sans doute dans l’esprit du metteur en scène). Malgré son aspect iconoclaste, ce petit bijou a remporté un gros succès à sa sortie, ce qui n’est que justice.
Virgile Dumez (avoiralire.com)